L’instabilité à laquelle sont soumises les institutions politiques de l’Espagne est, il faut le reconnaître, un grave sujet d’inquiétude qui semble devoir éloigner toute entreprise fructueuse et durable ; mais cette instabilité tient à des causes matérielles que le concours de nos capitaux serait précisément appelé à faire disparaître. La double difficulté qui s’est opposée jusqu’ici en Espagne à l’établissement d’un gouvernement fort et incontesté, c’est d’une part le manque d’unité morale qui résulte des usages et des. traditions de l’esprit provincial en lutte contre le système de centralisation nouvellement inauguré, de l’autre l’absence d’unité matérielle et territoriale, conséquence du défaut de communications faciles entre le centre et les diverses parties du royaume. Qui ne voit qu’en remédiant au second de ces maux intérieurs, on fera disparaître le premier plus sûrement que par tous les procédés législatifs et les sévérités administratives ? Si d’ailleurs les voies de communication sont nécessaires pour établir l’unité en Espagne, elles le sont bien plus encore pour maintenir l’ordre,.pour assurer l’action du pouvoir central sur tous les points du territoire ; elles sont, en un mot, un besoin social autant que politique. Or, puisque la tâche principale qui appelle en Espagne les capitaux étrangers est la création d’un bon système de viabilité, on peut dire que ces capitaux portent en eux-mêmes le remède au seul mal qui doive exciter sérieusement leurs défiances.
Le mauvais état des finances publiques, fruit des bouleversemens intérieurs, ne saurait être un motif d’appréhensions aussi vives. Par cela seul qu’il est une conséquence, il doit disparaître avec la cause qui l’a produit, et quoique pour le moment il y ait lieu de s’en préoccuper, quiconque voudra ne pas reculer devant un examen sérieux des charges financières que le passé a léguées au gouvernement actuel pourra se convaincre qu’à côté d’immenses difficultés, on rencontre des réformes possibles et des chances certaines de progrès.
C’est cet examen que je vais aborder, et après avoir énuméré les embarras, du trésor espagnol et les ressources, qu’il possède pour y faire face, il sera facile de rechercher à quelles conditions les capitaux étrangers, combinés avec les forces nationales, assureront la régénération matérielle d’un pays appelé à en recueillir des avantages moraux et politiques du plus haut prix.
Aucune étude ne présente plus de difficultés et d’obscurités que celle des finances, espagnoles, et il paraît presque impossible de