SES FINANCES ET SES CHEMINS DE FER
La situation financière de l’Espagne appelle l’attention à un double titre. Ce n’est plus seulement la nation espagnole, c’est notre pays même qui est intéressé à la bien connaître, car le mouvement qui emporte nos capitaux au dehors, mouvement regrettable peut-être, mais irrésistible, ne se dirige plus uniquement vers le centre et le nord de l’Europe[1] : il se porte aussi vers le sud, et va, au-delà des Pyrénées, donner l’essor à ces grands travaux publics dont chaque peuple à son, tour sollicite le bienfait.
Mais dans cette Espagne agitée par tant de révolutions successives, de telles entreprises ne sont-elles pas exposées à des difficultés insurmontables ? N’avons-nous pas à craindre de ne retirer aucun fruit de notre intervention ? Peut-être serait-il aisé de prouver le contraire, de montrer que notre capital, en se dirigeant vers nos frontières du sud-ouest, n’obéit pas seulement à une généreuse et aveugle sympathie, et qu’il est encore déterminé par un motif moins méritoire peut-être, mais dont il faut bien tenir compte, — la certitude d’un profit légitime. Aussi, en examinant, au point de vue français surtout, la situation financière de l’Espagne, j’espère arriver à des conclusions également favorables pour l’avenir de ce pays d’abord, puis pour les intérêts étrangers, dont la cause ne doit pas aujourd’hui être séparée de la sienne.
- ↑ Nous avons déjà suivi ce mouvement au-delà du Rhin, en Autriche, où le concours des capitaux français a été si profitable ; voyez l’étude sur l’Autriche, ses Finances et ses grandes entreprises d’industrie, livraison du 15 juillet 1856.