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DU
MAGNÉTISME TERRESTRE




II

Lorsque nous comparons notre science physique actuelle à celle des siècles passés, nous sommes fiers des acquisitions dues à notre âge, mais nous serions sans doute plus modestes si nous pensions à l’opinion qu’auront de nous nos descendans, à tout ce qu’ils sauront parmi les choses qui nous sont aujourd’hui inconnues, et surtout parmi les secrets de la nature dont nous ne soupçonnons même pas l’existence. Un morceau d’ambre jaune, de succin, d’électrum, est frotté, il attire les petits corps mobiles. Il en est de même d’une pierre cristallisée appelée lyncurium, qui, étant chauffée, attire et retient les cendres et les corps légers. C’est sans aucun doute la pierre que nous appelons tourmaline, et qui chez les bijoutiers portait le nom vulgaire de tire-cendre. Voilà à peu près toutes les expériences de cabinet des anciens sur l’électricité. Puis d’incroyables confusions. Ainsi certains auteurs indiquent qu’il faut chauffer et non frotter le succin pour le rendre attractif. Quelques-uns admettent deux sortes d’aimant, dont l’un attire le fer et l’autre l’or :

Et trahit hic ferrum magnes, ille attrahit aurum,

dit le célèbre jésuite Famianus Strada, qui a mis en vers latins et en action cette vieille erreur grecque. Alors avec un aimant et des anneaux d’or on eût pu faire la chaîne pendante, comme avec les anneaux en fer des chevaliers romains qu’Annibal mesurait par boisseaux après la bataille de Cannes. Excepté pour l’astronomie, les