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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1857.

Des élections en Angleterre, des élections en Espagne, une conférence réunie à Paris, poursuivant mystérieusement ses négociations pour arriver à remettre d’accord la Prusse et la Suisse au sujet de Neuchâtel, une rupture diplomatique définitivement déclarée entre le Piémont et l’Autriche, la querelle du Danemark et des puissances allemandes toujours en suspens comme une menace de complications, une crise ministérielle en Portugal, le manifeste du nouveau président aux États-Unis, — est-ce tout ? Les affaires du monde, on le voit, ne cessent point d’être actives et d’apparaître sous des aspects assez divers. Si toutes ces questions ne sont point nouvelles ou n’ont point heureusement la même gravité, elles existent et elles expriment la marche des choses : tant il est vrai que la politique ne peut être un seul moment stagnante ! La politique, hélas ! la politique intérieure et extérieure des peuples ne se compose-t-elle pas le plus souvent d’une série d’efforts pour accumuler les difficultés ou les fautes, et d’une série d’efforts plus laborieux encore pour arriver plus tard à réparer les unes ou à pallier les autres ? Ainsi il arrive de toutes les révolutions folles, de tous les différends légèrement provoqués, de toutes les querelles qui échappent à l’impatience des hommes, en un mot de toutes ces crises qu’un peu de sagesse détournerait souvent, que beaucoup de sagesse n’apaise pas toujours quand elles ont éclaté. Deux peuples, nous le disions, sont en ce moment livrés à toutes les péripéties d’un mouvement électoral ; mais la lutte n’a pas la même physionomie en Espagne et en Angleterre : elle conserve ses traits distincts dans chacun des deux états.

Comme on le voit d’habitude dans tous les pays soumis à de fréquentes intermittences, tantôt éprouvés par de fortes secousses révolutionnaires, tantôt brusquement replacés sous une autorité victorieuse et dominante, les élections se font aujourd’hui sans nulle agitation au-delà des Pyrénées. Le parti modéré semble l’emporter jusqu’ici ; il en est du moins ainsi à Madrid. Les partis qui ont le pouvoir l’emportent toujours dans les élections en Espagne et même ailleurs. La question n’est pas là ; elle est tout entière dans les