été fixée. Le gouverneur-général se bornait à transmettre cette communication, sans garantir l’exactitude de la nouvelle. Le commodore lui répondit de Napa, à la date du 23 janvier 1854, par un simple accusé de réception qui laissait pressentir qu’il n’en serait pas moins exact au rendez-vous donné dans la baie de Yédo. Cette mort de l’empereur, survenue si à propos pour fournir aux Japonais un prétexte d’ajournement, ne lui semblait pas naturelle, il craignait quelque piège ; il savait que les autorités de Yédo étaient capables de tout imaginer pour conjurer son retour, et il ne voyait dans la mort de l’empereur qu’une maladie exagérée de diplomate. Au surplus, la nouvelle fut-elle vraie, il ne jugeait pas qu’il y eût là un motif suffisant pour l’empêcher de donner suite à son projet, annoncé depuis plusieurs mois. Il partit donc, et le 13 février son escadre, composée de sept navires, après avoir dépassé le mouillage d’Uraga, jeta l’ancre à 12 milles au-dessus de cette ville et à 20 milles environ de Yédo.
C’était aller trop loin, au gré des Japonais. Plusieurs officiers furent envoyés à bord du navire qui portait le commodore pour demander des explications et pour inviter les Américains à retourner à Uraga ; mais on leur répondit que l’escadre se trouvait bien où elle était, et qu’elle n’en bougerait que pour remonter plus haut encore, jusqu’à Yédo. Le lendemain, les Japonais revinrent à la charge avec leur obstination ordinaire ; ils indiquèrent un autre mouillage, en face d’un village nommé Kama-kura, où, disaient-ils, les commissaires délégués par l’empereur avaient ordre de recevoir l’ambassadeur des États-Unis. Ils n’obtinrent pas plus de succès. Ils demandèrent alors que l’un des officiers de l’escadre fût envoyé à Uraga pour conférer directement avec les commissaires sur le choix de la ville où s’ouvriraient les négociations. Pendant huit jours, sous un prétexte ou sous un autre, ils se présentèrent à bord, tournant et retournant en tous sens leurs argumens, faisant appel aux sentimens d’amitié dont on leur avait donné l’assurance, invoquant les ordres reçus de Yédo. Le commodore étant tombé malade, chaque matin les Japonais venaient aux nouvelles et manifestaient la plus vive sollicitude pour une santé qui leur était si chère ! On consentit enfin à accorder l’entrevue préliminaire que les Japonais avaient sollicitée si instamment, et le capitaine Adams fut chargé de se rendre à Uraga et de remettre aux délégués de la cour de Yédo une note par laquelle le commodore exprimait de nouveau sa ferme intention de remonter presque en vue de la capitale, offrant de recevoir à son bord les membres de la cour impériale et de leur montrer les curieuses machines de ses steamers. En présence des efforts tentés pour le pousser vers Uraga, c’est-à-dire pour l’éloigner de Yédo, l’offre, en apparence si