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Bientôt les épis d’or et la croix qui les porte
Comme un signe de Dieu sont cloués sur la porte ;
Ils y doivent rester jusqu’à l’autre saison,
Pour garder de tout mal les champs et la maison.

Or, pour les moissonneurs, la journée étant faite,
Commence le plaisir de la rustique fête,
La danse et le repas où le maître joyeux
Écoute leurs chansons et, s’assied avec eux.


FRANTZ


La maison, tout en fête, avec amour décoré
L’heureux char des moissons qui s’est rempli pour nous ;
La maison, tout en fête et plus joyeuse encore,
A vu l’épouse entrer et sourire à l’époux.

Dieu fait mûrir les blés ; c’est la femme économe
Qui mélange un sel pur au pain de chaque jour ;
C’est elle, en souriant, qui donne au cœur de l’homme
Son aliment sacré d’allégresse et d’amour.

Comme ce blond froment, elle est l’or véritable ;
Elle est le chaste orgueil du maître et du manoir,
Le joyau qu’on admire, accoudé sur la table,
Le flambeau du foyer quand le ciel se fait noir.

La maison, tout en fête, avec amour décore
L’heureux char des moissons qui s’est rempli pour nous ;
La maison, tout en fête et plus joyeuse encore,
A vu l’épouse entrer et sourire à l’époux.


III


Hier on cueillait à l’arbre une dernière pêche,
Et ce matin voici, dans l’aube épaisse et fraîche,
L’automne qui blanchit sur les coteaux voisins.
Un fin givre a ridé la pourpre des raisins.
Là-bas voyez-vous poindre, au bout de la montée,
Les ceps aux feuilles d’or dans la brume argentée ?
L’horizon s’éclaircit en de vagues rougeurs,
Et le soleil levant conduit les vendangeurs.

Avec des cris joyeux ils entrent dans la vigne ;
Chacun, dans le sillon que le maître désigne,