Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 8.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ARLES


ET


LE TYRAN CONSTANTIN


UNE PAGE DE L'HISTOIRE DE NOS PERES




DERNIERE PARTIE.[1]





IV

La cour de Ravenne présentait un honteux spectacle de lâcheté, de corruption et de discorde. Tant que Stilicon avait vécu, cette cour s’était unie pour le combattre et le perdre ; mais elle n’avait pas tardé à se diviser après la victoire, et elle repliait maintenant sur elle-même son activité malfaisante. Bloquée dans les lagunes du Pô, presque sans communication avec le reste de l’empire, elle semblait se dédommager de son inaction au dehors par un débordement d’intrigues et de complots de palais qui ne laissaient plus respirer Honorius. C’étaient à chaque instant de nouvelles factions, religieuses, politiques, militaires, qui se disputaient le prince, s’arrachaient la prééminence dans ses conseils et se culbutaient l’une l’autre. À l’époque où les agens secrets de Constantin arrivèrent à Ravenne, deux grands partis divisaient la cour, le conseil et l’empereur, le parti des eunuques et celui des généraux, presque tous d’origine barbare. Honorius passait de l’un à l’autre au gré des événemens qui agitaient l’Italie. Le vent soufflait-il à la paix, les eunuques étaient tout-puissans : ils tranchaient du maître, leur visage, leurs paroles respiraient l’arrogance et le dédain ; mais que tout à coup le clairon se fît

  1. Voir la livraison du 1er mars.