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l’armée ; c’est à peine si la Nouvelle-Grenade a cinq cents soldats sur pied, la plupart des impôts ont été abolis ; le pouvoir exécutif a été complètement désarmé. Si le nouveau président cherche à réagir contre tout cet ensemble anarchique, ne serait-il pas renversé par une révolution ? S’il veut gouverner avec les lois actuelles, il risque de se débattre dans des impossibilités contre lesquelles il luttera inutilement.

Voilà pour l’état politique du pays. Quant aux affaires extérieures, la Nouvelle-Grenade se trouve être à la fois en querelle avec l’Angleterre et les États-Unis : avec l’Angleterre pour une vieille dette reconnue en faveur d’un sujet britannique, M. Mackintosh, dette qui remonte au temps de la guerre de l’indépendance, et qui a été déjà l’objet de plusieurs arrangemens. Sans entrer dans des supputations de chiffres, on peut certes dire que la Nouvelle-Grenade a payé de fait plus qu’elle ne devait ; mais elle porte la peine de son impuissance à remplir au moment voulu ses engagemens. De là ces transactions onéreuses dont un agent étranger s’empare un jour pour faire la loi à des gouvernements obérés. C’est ce qui est arrivé, le ministre anglais, M. Griffith, a rompu, il y a quelques mois, tout rapport diplomatique avec la Nouvelle-Grenade. Il n’a point cependant quitté Bogota, attendant encore l’effet d’une intervention officieuse du ministre de France pour amener un arrangement, et pendant ce temps le gouvernement anglais a envoyé quelques vaisseaux devant Carthagène, afin d’imposer au cabinet de Bogota une prompte décision, et de le contraindre au besoin. La querelle avec les États-Unis n’est pas moins grave et elle est plus compliquée, car les griefs de l’Amérique du Nord sont plus nombreux, comme aussi elle peut avoir de bien autres conséquences, car au fond il s’agit de la possession de l’isthme de Panama. On se souvient peut-être de cette scène sanglante qui eut lieu l’an dernier à Panama, entre des Américains du Nord et des noirs. C’est là un des griefs dont le cabinet de Washington poursuit la réparation ; et ce n’est pas le seul. Les Américains du Nord se plaignent d’un droit de tonnage mis sur les navires étrangers dans les ports grenadins, d’un impôt établi sur les correspondances par l’isthme de Panama. Le fondement des plaintes du cabinet de Washington est des plus fragiles sans doute, mais les Américains ont la force ; ils ont vivifié cet isthme qu’ils occupent aujourd’hui, ils peuvent parler en maîtres, et, chose bizarre, il y a quelque temps, le gouvernement de Panama était obligé de demander à une frégate des États-Unis de vouloir bien débarquer quelques matelots pour rétablir l’ordre, ce qui était, après tout, introduire l’ennemi dans la place. À quoi cela tient-il, si ce n’est à cet étrange système qui a réduit la Nouvelle-Grenade à la faiblesse par l’anarchie ? ch. de mazade.



ŒUVRES ANATOMIQUES, PHYSIOLOGIQUES ET MÉDICALES DE GALIEN[1]. — Tout est difficile dans une édition et dans une traduction des œuvres de Galien : le texte est incertain, les éditions, quoique nombreuses, sont remplies de fautes, les manuscrits sont mal copiés et souvent incomplets, le grec n’est

  1. Traduites sur les textes imprimés et manuscrits, accompagnées de sommaires, de notes, de planches, et précédées d’une introduction, par le Dr Ch. Daremberg. Tomes Ier et IIe, Paris, Baillière, 1854-1856.