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avant de retourner à Vienne n’était point évidemment étranger à cette affaire. En résistant jusqu’au bout, le gouvernement parmesan aura certainement l’appui de l’opinion et des intérêts du duché. Au point de vue purement intérieur, on pourrait aussi noter quelques symptômes favorables. Il y a quelque temps, dans une réception publique, la duchesse régente faisait appel à la représentation des communes ; elle se montrait décidée à accueillir toutes les idées d’amélioration, il y a un fait certain : depuis que le pouvoir lui est échu, la régente actuelle s’est appliquée à dégager et à raffermir son petit état ; ses actes laissent voir l’intention de ne point le laisser absorber par l’Autriche, et le désir du bien, ce qui est déjà un progrès sensible.

De tous les états italiens, celui qui reste dans la situation la plus compliquée, c’est le royaume de Naples, et ici les complications sont d’autant plus grandes que l’imagination ajoute souvent à la réalité, que les difficultés intérieures sont devenues le point de départ d’un démêlé diplomatique qui existe encore : démêlé fort singulier en vérité, que tout le monde voudrait voir finir et qu’on ne sait comment terminer. Depuis que la France et l’Angleterre ont rompu diplomatiquement avec Naples, y a-t-il quelque amélioration dans les Deux-Siciles ? L’attitude indépendante et assez haute du roi Ferdinand a semblé le relever et a satisfait un certain instinct national, cela n’est pas douteux. Il n’est pas moins vrai que depuis quelque temps il y a toute une série de faits amenés par une sorte de fatalité, et qui dénotent une situation assez troublée. D’abord c’est une insurrection qui éclate en Sicile ; bientôt une odieuse tentative de meurtre est dirigée contre le roi lui-même par un soldat. Des explosions de poudrières ou de bateaux à vapeur et d’autres accidens semblables qui ne paraissaient pas entièrement l’effet du hasard sont venus frapper les imaginations. Il y a eu des paniques, des arrestations. Certes il faut faire la part de l’exagération dans tout ce qui vient de ce pays, où une certaine obscurité semble plaire au gouvernement comme à ses ennemis. Tout n’est point fiction cependant, puisque récemment l’archevêque de Naples ordonnait des prières pour la tranquillité publique. Il y a des esprits qui se font l’illusion de croire que la rupture des rapports de la France et de l’Angleterre avec Naples a fait tout le mal, et que, par le rétablissement de la situation diplomatique antérieure, tout serait fini. La rupture n’a point créé le mal, elle en a été le résultat et le symptôme. On a pu s’engager dans une voie sans issue en prenant des moyens périlleux ou impuissans pour remédier à une situation critique ; cette situation n’existe pas moins, et même aujourd’hui, quand les relations diplomatiques seraient purement et simplement renouées, pense-t-on que tout fût fini, qu’il n’y eût plus aucun péril pour l’ordre en Italie et pour le roi Ferdinand lui-même dans les conditions où se trouvent les Deux-Siciles ? Ce qu’on nomme la question napolitaine existerait encore.

Ce n’est pas d’ailleurs que le roi de Naples ferme les yeux sur cette situation, et refuse absolument de prendre des mesures propres à raffermir son trône et à rassurer l’Europe. Il y a peu de temps, il nommait une commission chargée d’aller examiner l’état des provinces, d’étudier leurs besoins. Un autre acte récent semblait avoir pour objet de répondre, quoique fort indirectement, a un des vœux des puissances européennes : c’est une conven-