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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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28 février 1857

En quelques jours, les grands débats de la politique se sont réveillés dans le parlement d’Angleterre, et la session législative a commencé en France. Ce n’est point la reine Victoria qui a ouvert les chambres britanniques, le discours royal a été lu par commission, tandis qu’à Paris c’est le chef de l’état qui a rassemblé le sénat et le corps législatif aux Tuileries pour inaugurer leurs travaux. Dans ces premiers actes, il y a toute la différence des institutions ; l’intérêt politique n’est point en Angleterre dans le discours de la reine, quelque importance qui s’y attache : il est dans les discussions qui se succèdent au sein des chambres, et qui décident souverainement de la marche des choses. En France, la politique tout entière se concentre dans l’allocution de l’empereur, qui jette un coup-d’œil sur ces dernières années, et résume l’état du pays au double point de vue des intérêts extérieurs et des affaires intérieures. Il y a cependant un trait commun à ces deux discours, qui ne font en cela que refléter la situation actuelle. Dans l’un et dans l’autre, une place unique et absorbante n’est plus réservée à ces affaires d’un ordre général qui intéressent toute l’Europe, ou peuvent réagir sur l’ensemble de la politique. La question de Neuchâtel reste dans le domaine des négociations, et tout indique que dans la prochaine conférence le roi de Prusse répondra à la modération de la Suisse par un égal esprit de conciliation. Les démêlés des deux grandes puissances de l’Occident avec le royaume de Naples ne se sont pas aggravés, s’ils ne se sont point apaisés. En ce qui touche les affaires d’Orient surtout, la reine de la Grande-Bretagne et l’empereur des Français n’ont eu à constater que le dénouement de la guerre, la fin des conflits secondaires qui se sont élevés. À vrai dire, de la question d’Orient telle qu’elle est apparue dans ces dernières années, il ne reste en quelque sorte qu’un épisode : c’est l’organisation des principautés. Puisque c’est la seule affaire demeurée incertaine, puisqu’elle va être débattue dans les assemblées locales des provinces du Danube avant de revenir à une conférence européenne, et qu’ainsi elle n’est point finie, disons encore un mot sur les conditions dans lesquelles la question se présente.