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LA TOSCANE


SOUS LA MAISON DE LORRAINE




Storia civile della Toscana, dei 1737 al 1848, di Antonio Zobi ; 6 vol. Firenze 1850.





Si, dans les événemens humains, on tient plus grand compte de l’intelligence qui s’y déploie que du bruit qu’ils font et des masses qu’ils remuent, on ne verra rien de plus brillant au moyen âge que l’histoire de ces républiques italiennes, si petites de territoire et si fécondes en génie. À peine le déluge des invasions germaniques, Scandinaves et musulmanes commence-t-il à s’apaiser, qu’on voit ces communes libres sortir les unes après les autres du milieu de l’inondation, comme des îles déjà fertiles et prêtes à produire. Venise, la première, sillonne l’Adriatique de quelques barques qui se changeront bientôt en redoutables galères. Milan, dès le Xe siècle, relève ses remparts, et dès sa naissance est un obstacle aux empereurs allemands. Gênes et Pise, à la même époque, sont déjà libres, et s’enrichissent par le commerce. Florence ne tarde pas à leur succéder dans cette rapide éclosion. Ces villes, en sortant du tombeau, se ressouviennent à l’instant qu’elles étaient presque toutes, quelques siècles auparavant, des municipes romains. Elles se choisissent donc des consuls, et, sous divers noms, des curies et des sénats. Au moment même où partout ailleurs la féodalité se complète, se resserre et enveloppe tout, elles en brisent le réseau autour d’elles, l’empêchent de se rattacher à son centre allemand, qui lui donnerait l’unité et la force, et invoquent une lumière de liberté qui n’était alors qu’à Rome. Puis, voulant concilier dans leur sein les élémens