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HISTOIRE NATURELLE


DE L'HOMME




DU CROISEMENT DES RACES HUMAINES.


I. Essai sur l’Inégalité des races humaines, par M. de Gobineau. — II. The Race, of men, by Dr Knox. — III. La Terre et l’Homme, par M. A. Maury.





Existe-t-il plusieurs espèces d’hommes, ou bien les différences présentées par les diverses populations du globe ne sont-elles que des caractères de race[1] ? Je ne veux pas aborder aujourd’hui l’examen de cette question, si vivement, parfois si violemment débattue, et qu’ont trop souvent obscurcie des passions dont la source n’était rien moins que scientifique. Ce n’est ni dans une seule étude ni à propos de deux ou trois livres qu’il est possible de la traiter, et d’ailleurs

  1. Parmi les savans qui se sont occupés des questions ethnologiques avec le plus d’ardeur, il en est un grand nombre qui ne se font pas une idée nette de ce que signifient les mots espèce, variété, race. À chaque instant, on voit ces expressions employées indifféremment, et souvent comme synonymes. De là vient en grande partie la confusion qui règne dans les discussions relatives aux races humaines. Sans entrer dans des considérations qui exigeraient de longs développemens, je crois devoir énoncer ici les définitions que j’ai adoptées de ces trois mots. — Je donne le nom d’espèce à l’ensemble des individus, plus ou moins, semblables entre eux, qui sont descendus ou qui peuvent être regardés comme descendus d’une paire primitive unique. — La variété est tout individuelle et caractérisée par quelque trait saillant distinctif. — J’appelle race l’ensemble des individus provenant d’une même espèce, ayant reçu et transmettant par voie de génération certains caractères de variété. Il suit de là : premièrement que toute race remonte, à une espèce qui lui sert de point de départ, — en second lieu que l’ensemble des races, soit primitives, soit dérivées d’une même espèce, constitue l’espèce elle-même, — enfin que tout changement portant sur une race quelconque porte sur l’espèce d’où est dérivée cette race.