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LE
CHEVALIER SARTI
HISTOIRE MUSICALE


VII.

LE DERNIER CARNAVAL DE LA RÉPUBLIQUE DE VENISE.[1]



I.

L’armée française s’avançait à grands pas en Italie, et, par une suite de combats miraculeux, elle jetait l’épouvante parmi les puissances coalisées contre le génie de la révolution. Venise, menacée d’un côté par l’Autriche, qui gardait les portes du Tyrol, et de l’autre par les phalanges de Bonaparte, qui touchaient déjà à ses provinces de terre ferme, était toujours indécise, et prétendait faire respecter sa neutralité douteuse par de si puissans adversaires. Ses hommes d’état, blanchis dans les conseils, nourris dans les arcanes de la vieille politique de l’Europe, s’ingéniaient à ourdir des ruses diplomatiques, lorsque l’ennemi était aux portes Scées. Ils ne se doutaient pas, ces pères conscrits du Livre d’Or, que des germes de ruine étaient depuis longtemps introduits dans la ville chère à Vénus, dans la cité glorieuse des doges !

Parmi les étrangers que protégeait un caractère public ; il y avait alors à Venise un nommé Villetard, secrétaire de l’ambassade française.

  1. Voir les livraisons des 1er janvier et 15 août 1854, 1er janvier et 15 août 1855, 15 avril et 15 juin 1856.