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lié à l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire militaire de la France.

Mais ce n’est pas seulement par sa bravoure sur le champ de bataille, c’est par son énergie patiente dans les épreuves du service ordinaire que l’armée royale de l’Inde mérite toute notre attention. La position pécuniaire des officiers de l’armée de la reine dans l’Inde est loin d’être aussi avantageuse que celle des officiers de la compagnie, car les règlemens s’opposent à ce qu’ils soient appelés aux emplois civils et diplomatiques, qui doublent souvent et au-delà les appointemens des officiers de l’armée native. La solde des officiers de l’armée royale en service dans l’Inde se compose de leur paie anglaise, plus d’un supplément donné par la compagnie, qui porte leur paie au niveau de celle des officiers du grade correspondant du service indien lorsqu’ils sont présens au corps, et nous avons déjà fait remarquer que c’était là la position d’argent la plus défavorable pour les officiers de l’armée native. L’Inde toutefois est d’une grande ressource pour l’armée royale. Les officiers sans fortune, ceux qu’ont atteints des revers pécuniaires, trouvent en s’exilant dans l’Inde les moyens de vivre convenablement. Aussi est-il certain que la constitution de l’armée anglaise, le système de promotion par purchase, devrait subir de grands changemens, si les régimens de l’armée royale n’étaient plus envoyés dans les trois présidences. Disons aussi que les guerres constantes que le gouvernement de l’Inde est obligé d’entreprendre à chaque instant sous des climats meurtriers activent singulièrement l’avancement dans les troupes royales. Si malgré le système de promotion à l’ancienneté l’armée anglaise compte dans ses rangs des officiers supérieurs, dans toute la force de l’âge et de l’énergie, presque tous ces derniers ont gagné leurs grades dans l’Inde. De plus les grandes positions d’argent faites au commandant en chef, aux officiers-généraux en service dans l’Inde, sont à la fois de magnifiques récompenses offertes à de vieux services et des appâts bien dignes d’exciter l’ambition des jeunes officiers de l’armée royale.

L’armée royale et l’armée de la compagnie sont parfaitement distinctes et indépendantes l’une de l’autre. Un officier des troupes de la reine ne saurait passer dans les régimens de cipayes et réciproquement. Lorsque des détachemens des deux armées sont en campagne, en cas d’égalité de grade, le commandement appartient au plus ancien officier. L’envoi des troupes entraîne des dépenses si considérables, que l’on avait d’abord fixé à vingt ans le temps que chaque régiment devait servir dans l’Inde. Des dispositions récentes ont réduit à quinze ans la période de service des régimens anglais dans les