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sous le nom de 1er, 2e, 3e European Bengal fusiliers. Le dernier de ces régimens est de formation toute récente ; mais les deux premiers ont joué le rôle le plus glorieux dans toutes les guerres de l’Inde[1].


II

À côté de l’armée de la compagnie, une autre catégorie de forces militaires représente, nous l’avons dit, la puissance anglaise dans l’Inde : ce sont les régimens de l’armée royale. Nous ne croyons pas être loin de la vérité en disant que si la cour des directeurs ne devait compter que sur ses troupes natives pour maintenir dans sa dépendance les populations de son vaste domaine asiatique, la puissance anglaise dans l’est aurait bientôt vu luire son dernier jour. Aussi est-ce un grand et illustre récit dans les fastes de l’armée royale que celui qui commence à la bataille du Plassey pour finir à celle de Chillianwallah, et si un Français ne peut se défendre d’un profond sentiment de tristesse en pensant que sans les honteuses faiblesses du règne de Louis XV et les guerres de la révolution française, son pays eût sans doute partagé avec l’Angleterre la couronne de l’Inde, un écrivain loyal doit rendre hommage à la discipline, au courage indomptable qui ont permis à une poignée de baïonnettes européennes de conquérir et de maintenir dans l’obéissance le plus grand empire du monde. Nobles annales militaires que celles où sont écrites de grandes pages comme cette terrible bataille de Ferozeshah,

  1. Pour montrer dans tous ses détails l’organisation de l’armée du Bengale, nous aurions encore à parler du corps des ingénieurs, du corps médical, de l’état-major du commissariat de l’armée ; mais quelques indications, essentielles sur ces divers corps peuvent seules trouver place ici. — Le corps des ingénieurs de l’armée du Bengale se compose de 8 colonels, 4 lieutenans-colonels, 4 majors, 20 capitaines, 72 lieutenans, et d’un régiment d’indigènes de 12 compagnies. Presque tous les officiers du génie remplissent des fonctions civiles et dirigent les travaux publics, routes, canaux, opérations trigonométriques, etc., que le gouvernement fait exécuter dans la présidence. — Le corps médical européen attaché aux forces de la compagnie dans le Bengale ou les provinces nord-ouest comprend 26 senior-surgeons, 102 surgeons, 242 assistants-surgeons. Tous ces officiers sont susceptibles d’emplois civils ou militaires, et attachés soit à des régimens, soit à des stations. Jusqu’à ces dernières années, les commissions du service médical étaient distribuées par les directeurs sous la seule condition d’un brevet de docteur émané d’une faculté européenne. Aussi l’on compte dans le service de santé de l’armée du Bengale plusieurs officiers qui ont fait leurs études pathologiques à la faculté de Paris. La nouvelle charte de 1853 a mis fin à cet état de choses, et les brevets du service médical indien s’obtiennent maintenant dans des concours publics. — L’état-major du commissariat de l’armée du Bengale est formé d’officiers détachés des régimens, dont l’avancement court à la fois dans le régiment et dans le corps administratif. Il faut toutefois, pour entrer dans cette branche de service, subir des examens sévères sur les langues orientales et les règlemens militaires.