colonel jusqu’au grade de kavildar exclusivement. Les grades de jemmadars et soubadars [native commissioned offîcers) sont conférés par le commandant en chef sur la proposition du colonel. Il est au reste excessivement rare que les promotions sortent des conditions d’ancienneté, et la très grande majorité des officiers natifs ont dépassé de beaucoup la soixantaine. Nous ne croyons pouvoir mieux apprécier la position de l’officier natif qu’en le comparant à un homme qui joue un rôle considérable dans la marine royale anglaise, le master. De même que le master répond de la bonne route du navire, l’officier natif répond de la bonne tenue et de la bonne conduite du régiment, et au jour du combat s’efface pour laisser le commandement à l’officier européen comme le master à l’officier de la marine royale. Cette position d’officier sans espoir d’avancement ultérieur, qui n’est jamais celle de l’égalité avec les officiers européens, même avec le plus jeune enseigne, offre, il faut en convenir, bien peu d’aliment à l’ambition du soldat ; mais l’ambition, la soif du commandement et des honneurs existe-t-elle à un haut degré parmi les hommes dociles et résignés qui remplissent les rangs de l’armée de l’Inde ? Les soldats de la compagnie demandent-ils plus au sort qu’une position qui assure libéralement leur pain de chaque jour et celui de leur famille ? Il est permis d’en douter, et à l’appui de cette opinion on peut citer le fait qu’il est presque sans exemple qu’un officier ou sous-officier natif ait pris part aux rébellions, d’ailleurs peu nombreuses, qui ont agité l’armée de l’Inde. Remarquons aussi en passant que les diverses révoltes avaient en grande partie pour point de départ des atteintes plus ou moins graves portées par l’autorité supérieure aux préjugés religieux des natifs.
Deux ordres militaires servent à récompenser les soldats méritans du service indien : le premier, l’ordre du mérite, ne s’accorde que pour fait de guerre, et quoique le nombre des décorés ne soit pas limité par les statuts, il ne s’accorde que bien rarement. L’ordre se divise en trois classes qui doivent chacune s’acheter par une action d’éclat. Les insignes de la première classe sont une étoile d’or avec ces mots, the reward of valour, portée à un ruban bleu liseré de rouge. L’étoile est d’argent pour les deux autres classes. La première donne double paie, la seconde et la troisième deux tiers et un tiers ; mais telle est la parcimonie avec laquelle cet ordre est distribué, que des officiers supérieurs du service indien m’ont assuré avoir à peine rencontré quelques étoiles d’argent sans jamais avoir vu une étoile d’or. L’ordre du British India se divise en deux classes de - cent croix chacune : la première, affectée aux soubadars et ressaldars, et donnant le titre de sirdar bahadoor et 2 roupies par jour d’extra-paie ; la deuxième, dans laquelle tous les officiers natifs sont admis,