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touchent jusqu’à six ans une pension de 30 liv. st. À partir de cet âge jusqu’à dix-sept ans, les garçons reçoivent 40 liv. st. La pension des filles, fixée à 45 liv. st., est payée jusqu’à leur mariage. En 1850, les recettes du Military Fund s’élevaient à 1,788,629 roupies, et ses dépenses à 1,748,371 roupies.

Après avoir examiné les conditions de solde des officiers du service indien et vu que les capitaines touchent au moins 1,000 francs par mois, et les lieutenant-colonels plus de 4,000, il ne faut pas une longue étude de la paie des grades correspondans dans les armées européennes pour être à même d’affirmer que l’état-major anglo-indien est l’état-major le plus splendidement rétribué du monde, et cependant les appointemens militaires, surtout dans les grades inférieurs, sont à peine suffisans pour vivre. La faute première en est aux habitudes mêmes du pays, au nombre exorbitant de domestiques, qu’à l’armée comme à la ville il faut traîner avec soi et payer de sa bourse. Il est d’autres raisons encore des difficultés pécuniaires qui embarrassent la majorité des officiers du service de la compagnie, par exemple les mariages dans les grades subalternes, les facilités de crédit que rencontre quiconque porte l’épaulette, les sommes considérables qu’il faut souvent fournir pour acheter la retraite d’un supérieur, etc. Heureusement pour les officiers, il en est bien peu, parmi ceux qui donnent des gages de capacité et de bonne conduite, qui n’arrivent point à des emplois civils ou d’état-major dont le riche traitement dépasse souvent du double la solde de leur grade : ainsi les fonctions diplomatiques, les emplois d’ingénieur civil, du commissariat, les commandemens des corps irréguliers, des milices locales, etc. Ce mode de récompense entraîne toutefois de sérieux inconvéniens, et pour en juger, ouvrant au hasard l’Annuaire de l’armée du Bengale, qu’on examine les cadres du 55e régiment d’infanterie. Sur six capitaines, deux ont des emplois civils, un troisième est en congé ; des dix lieutenans, quatre sont pourvus de foncions administratives, deux sont attachés à des corps irréguliers ; deux enseignes sont en congé. Et il arrive le plus souvent que l’effectif des officiers présens au corps est moindre que celui porté au livre officiel. Aussi nous assure-t-on qu’il n’est pas rare de voir des enseignes commander des régimens, et l’on cite l’exemple d’un docteur ayant fait fonction de chef de corps pendant plusieurs mois. Les officiers de l’armée du Bengale au-dessous du grade de colonel s’élèvent à 2,250. On distribue parmi eux 530 appointemens civils ou d’état-major, que l’on peut classer ainsi : emplois civils 136, d’état-major 44, du commissariat 130, commandemens de corps irréguliers et de milice 220 ; total, 530.

De tout ceci il faut conclure que dans l’armée anglo-indienne l’ambition