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LA RENAISSANCE ET LA REFORMATION




I. Renaissance, 1 vol. in-8o ; — II. Réforme, 1 vol. in-8o ; — III. Guerres de Religion, 1 vol. in-8o ; — IV. La Ligue et Henri IV, 1 vol. in-8o, par M. Michèlet, Paris, 1855-57.





I

Il n’est pas toujours aisé, même aux esprits les plus dénués de préjugés, de rendre strictement justice à tout le monde, et l’homme qui mérite le mieux nos éloges n’en obtient pas toujours la meilleure part. Il y a des intelligences qui ont des facultés embarrassantes, propres à troubler le jugement ou à déconcerter les opinions reçues, trop d’imagination, trop de subtilité, une passion excessive, de l’audace dans la pensée, de la témérité dans le style. Ces esprits à outrance ont très heureusement presque toujours un ou plusieurs côtés faibles qui nous permettent de retenir sur nos lèvres la louange prête à s’échapper, et de répondre aux admirateurs excessifs avec un sourire à la fois indulgent et ironique. Oui, pouvons-nous dire, c’est un talent original, passionné, coloré, mais combien tourmenté, bizarre, heurté ! Oui, il trouve des choses nouvelles, il est ingénieusement hardi, mais avec quelle rapidité, il passe du lyrisme le plus subtil au langage le plus trivial ! Il est plein d’élan, mais il n’a pas le style soutenu ; il nous amuse, il nous intéresse, il nous émeut, mais il fait tout cela par bonds, par éclairs, par accès. Ah ! s’il avait l’art de nous ennuyer d’une manière sereine et uniforme, à la bonne heure !