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MARTHE

dernière partie.[1]

XV.


— Pourquoi suis-je si joyeux ? se dit un soir Manuel en sortant de la tertulia de la marquise d’Alvarez. Après tout, je n’ai pas trop à me plaindre de la destinée pour le moment. Je deviens le dieu des progressistes, et le sot acharnement avec lequel les modérés m’attaquent ne sert qu’à augmenter le bruit qui se fait autour de mon nom. On compte déjà avec moi ; mais il faut que je sois député. C’est le seul moyen de faire triompher mes idées et d’arriver promptement au pouvoir. Une fois ministre...

Ici Manuel s’abhna dans des projets de perfectionnement politique et de régénération nationale au milieu desquels nous nous permettrons de ne pas le suivre ; puis, par une de ces combinaisons singulières qui se produisent dans les cerveaux les mieux organisés, les blanches épaules et les sourires pleins de promesses de la séduisante marquise d’Alvarez se mêlèrent avec une telle persistance à ses plans de réforme sociale, qu’il finit par se persuader qu’il avait assez travaillé pour ce jour-là au bonheur de son pays, et s’abandonna sans résistance à de plus douces méditations. La marquise était jeune, belle et coquette, le marquis vieux et laid. C’était une base suffisante pour édifier tout un échafaudage (1) Voyez les livraisons du 1" et du 15 janvier.

  1. Voyez les livraisons du 1er et du 15 janvier.