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au nom de ses intérêts propres ; que ses devoirs envers l’Allemagne et l’Europe lui commandaient de faire une paix générale ou continentale. Il énuméra les forces immenses dont allait disposer la coalition, et, faisant appel à la haute raison de Napoléon, il le conjura, au nom de l’humanité, des intérêts de la France et de sa propre conservation, de rendre la paix au monde. On connaît trop les circonstances qui marquèrent la fin de l’entretien, la colère vraie ou feinte de l’empereur, le trait cruel lancé à M. de Metternich. Cette fatale entrevue envenima des rapports déjà fort altérés au lieu de les adoucir ; elle mit à nu les situations comme les ressentimens, et remplit tous les cœurs de déceptions, de tristesse et d’amertume.

Il restait à préciser dans un acte régulier les points dont on était convenu verbalement. Des conférences s’ouvrirent entre M. de Bassano et M. de Metternich, et il fut signé, le 30 juin, une convention par laquelle l’empereur Napoléon déclara accepter la médiation offerte par l’empereur d’Autriche (art. 1 e 2). Les plénipotentiaires français, russe et prussien et celui de la puissance médiatrice se réuniraient en congrès à Prague avant le 5 juillet. L’ouverture des négociations fut reportée au 8, et plus tard au 12 de ce mois. Vu l’insuffisance, du temps qui restait à courir jusqu’au 20 juillet pour conclure la paix, l’empereur des Français prit l’engagement de ne point dénoncer l’armistice avant le 10 août ; de son côté, l’empereur d’Autriche se réserva de faire contracter le même engagement à la Russie et à la Prusse.

Le 9 juillet, il y eut à Trachehberg un grand conseil de guerre auquel assistèrent le prince de Suède Bernadotte et les généraux autrichiens Wacquand et comte de Latour. Le plan de la campagne prochaine y fut discuté et arrêté. Il fut convenu qu’en cas de guerre les puissances opéreraient avec trois grandes armées : l’une, d’environ 120,000 hommes, composée de Suédois, de Russes et de Prussiens, et commandée par le prince de Suède, manœuvrerait entre l’Oder et l’Elbe, et, serait chargée spécialement de couvrir Beslin. Blücher, à la tête de 100,000 Prussiens et Russes, se porterait par la Silésie sur Dresde, tandis que 80,000 Russes, sous les ordres de Barclay de Tolly, iraient se réunir en Bohême à 120,000 Autrichiens, et tous ensemble avec les souverains marcheraient également sur Dresde, soit par la rive droite, soit par : la rive gauche de l’Elbe. Il fut arrêté que Blücher et Bernadette s’attacheraient à éviter toute rencontre avec les corps d’armée commandés par l’empereur Napoléon en personne ; mais reprendraient au contraire l’offensive dès qu’ils auraient la certitude de ne l’avoir plus devant eux. Napoléon était très exactement informé de tout ce qui se passait dans le camp des alliés ; il sut la part qu’avaient prise aux conférences de Reichenbach