Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/515

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du prince d’Eckmühl, fut composé des Saxons de Régnier, des Polonais de Dombrowski, des Bavarois de Rechberg, des divisions Gérard et Durutte (31e et 36e), et de six bataillons nouvellement formés à Erfurt. Toutes ces troupes présentaient ensemble un effectif de 26,000 hommes d’infanterie, de 1,000 à 1,200 de cavalerie, et de 70 bouches à feu ; leur destination était d’occuper et de défendre la rive gauche de Kœnigstein à Torgau. Le centre, formé du corps d’observation de l’Elbe, et qui comptait 22,000 hommes, 2,000 chevaux et 36 pièces de canon, couvrirait l’intervalle entre Torgau et Magdebourg ; le vice-roi s’en réservait le commandement direct. Enfin l’aile gauche, conduite par le duc de Bellune, forte de 15,000 hommes et de 32 pièces de canon, s’étendrait de Magdebourg jusqu’à l’embouchure de la Havel, et soutiendrait éventuellement par des colonnes mobiles les généraux Cara-Saint-Cyr et Morand, chargés de la défense du Bas-Elbe. Le vice-roi établit son quartier-général à Leipzig.

Conformément aux instructions de ce prince, Davoust remonta la rive gauche de l’Elbe, rejeta sur la rive droite toutes les bandes ennemies qui déjà menaçaient la Thuringe et la Franconie, brûla tous les ponts qu’il ne pouvait garder, notamment celui de Meissen, et arriva le 13 mars à Dresde, où se trouvaient les débris des corps de Régnier et de Rechberg. En ce même moment, les alliés se portaient en grandes masses sur l’Elbe. Le vieux Kutusov venait de mourir à Buntzlau d’épuisement et du typhus, dont son armée était atteinte. L’empereur Alexandre lui avait donné pour successeur non le plus habile de ses généraux, mais celui qui avait embrassé avec le plus de ferveur les principes du parti allemand, le comte de Wittgenstein. Le nouveau généralissime s’avançait de Berlin sur Dessau avec les divisions russes de Voronzof et les corps prussiens des généraux York et Bulow. De son côté, Blücher, à la tête de 25,000 hommes, se portait rapidement de la Silésie sur Dresde pour s’y réunir aux corps de Wintzingerode et de Miloradovitch et aux divisions russes précédemment sous les ordres de Wittgenstein. Indépendamment de ces deux colonnes principales, une troisième, commandée par le général Tauenzien, restait en arrière afin de faire le siège des places de l’Oder, et Barclay de Tolly, à la tête d’une armée dite de réserve, était en marche pour rejoindre Blücher. Enfin des nuées de Cosaques, tant réguliers qu’irréguliers, conduits par les généraux Tettenborn, Czernichef, Benkendorf et Dornberg, se dirigeaient vers le Bas-Elbe. La force de tous ces corps, qui s’accroissaient incessamment d’une multitude infinie de volontaires prussiens accourant de toutes parts à l’appel de leur souverain, pouvait être estimée de 140 à 150,000 hommes.

Déjà le roi de Saxe avait mis sa personne à l’abri des insultes des