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venir l’arrivée du 7e corps et des Polonais, et de les couper du vice-roi. Régnier avait pris ses mesures pour arriver en temps opportun à Kalish ; il dut ralentir sa marche pour attendre la division polonaise. Il avait beau écrire à Poniatowski que les forces russes s’accroissaient tous les jours, qu’elles ne s’arrêteraient point sur la Vistule, qu’elles feraient certainement une campagne d’hiver : le prince ne l’avait pas cru, et, au lieu de manœuvrer avec précision, de serrer ses cantonnemens et ses étapes, il avait opéré avec une lenteur et un décousu qui mirent en grand péril le 7e corps. Régnier ne put arriver que le 13 à Kalish, et avec une partie seulement de son corps, distancé par une demi-marche de sa cavalerie, de son artillerie à cheval et de plusieurs régimens d’infanterie, qui opéraient en flanqueurs sous les ordres du général saxon Gablew, et par trois marches de la division polonaise. Wintzingerode était déjà rendu sur le terrain. Vers les trois heures de l’après-midi, les Russes firent irruption entre les deux parties disjointes du 7e corps, foudroyèrent les troupes de Régnier, le rejetèrent affaibli de plus de 3,000 hommes sur Kalish et contraignirent le général Gablew à se replier d’abord sur Poniatowski, puis, avec la division polonaise, sur le corps autrichien. Le 7e corps, réduit à 4,000 hommes, 2,000 de la division Durutte et 2,000 Saxons épuisés par des marches forcées, arriva le 18 à Glogau dans un état déplorable.

Au moment de se retirer sur l’Oder, le vice-roi avait ordonné au général Bulow, qui occupait Newstettin avec 20,000 hommes, de venir, sans plus tarder, se réunir à lui. Ce général répondit, le 10 février[1], que ses communications avec l’aimée française étaient en ce moment coupées par les Cosaques de Czernichef et de Tettenborn, que d’ailleurs son corps ne faisait point partie du contingent, et qu’il formait un corps de réserve distinct qui était exclusivement à la disposition de son souverain. La réponse du général Bulow était un refus formel de concours et faisait pressentir une nouvelle et prochaine défection.

Dans le moment où l’Autriche abaissait la barrière qui contenait les Russes sur la Haute-Vistule et leur ouvrait le cœur de l’Allemagne, elle continuait de nous accabler de ses protestations d’amitié. « Votre alliance avec la Russie, disait M. de Metternich le 15 février au comte Otto, était monstrueuse. Elle n’avait qu’un seul point d’appui très précaire, celui de l’exclusion du commerce anglais ; c’était une alliance de guerre commandée par le vainqueur, elle devait se dissoudre. La nôtre, au contraire, est fondée sur les rapports et les intérêts les plus naturels, les plus permanens, les plus essentiellement salutaires ; elle doit être éternelle comme les besoins qui

  1. Dépôt de la guerre.