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que la baleine ordinaire commencent à pêcher dans l’Atlantique aussitôt qu’ils ont dépassé l’équateur, et continuent jusqu’à l’Océan-Indien; ils vont ordinairement porter de l’huile à Sydney ou à Hong-Kong, et prennent pour revenir la route du cap de Bonne-Espérance. Les pêcheries mêmes de l’Océan-Pacifique septentrional ne fourniraient sans doute pas toujours une recette également importante au canal maritime, car la Californie deviendra tôt ou tard le point de départ des pêcheurs, qui n’auront plus comme aujourd’hui à faire des campagnes de trois ans, pendant lesquelles ils perdent un intérêt considérable.

Toutes ces branches de revenu réunies forment une somme totale de 1,092,000 tonnes, qui, au tarif de 1 dollar 1/2 ou 7 fr. 50 c. par tonne, donneraient une recette annuelle de 8,190,000 fr. Il faut encore y ajouter la recette produite par le transport des voyageurs et des métaux précieux qui suivraient la voie du canal. L’Amérique centrale est aujourd’hui devenue la route principale de ceux qui vont en Californie ou qui en reviennent : en admettant même que la population continue à croître dans cet état avec la même rapidité que dans les dernières années, ce serait sans doute, à cause de la concurrence du chemin de fer de Panama, faire une hypothèse très favorable au canal que de porter à 100,000 le nombre des voyageurs qui suivraient annuellement cette route à partir de l’année 1866 ou 1870. En estimant à 25 francs par tête le prix de la traversée, la recette totale des voyageurs serait de 2,500,000 francs. Pour le transport de l’or et de l’argent, même si l’exploitation des gîtes aurifères de la Californie continuait à fournir d’aussi magnifiques résultats qu’aujourd’hui, on ne peut guère compter sur un transit de plus de 150 millions de francs, qui, à 1/2 pour 100, rapporteraient annuellement 750,000 francs. Le revenu total du canal maritime, obtenu en additionnant toutes les sommes précédentes, peut donc approximativement être évalué à 11,440,000 francs. Il reste à voir si cette somme représente un intérêt suffisamment élevé du capital qu’il est nécessaire d’appliquer à une telle entreprise. Dans la plupart des projets, l’estimation des dépenses n’est présentée que d’une manière générale et trop peu détaillée, et l’on ne tient pas toujours un compte suffisant des dépenses accessoires, constructions de réservoirs, de digues pour détourner les eaux, établissement de remorqueurs sur le canal, construction d’habitations pour les employés, etc.

Pour le canal du Nicaragua, celui de tous qui mérite le plus d’attirer l’examen, et qui a été l’objet des études les plus approfondies, toutes les estimations récentes s’accordent à porter la dépense probable à 200 millions au moins. Dans l’opinion de M. Stephenson, un