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à 212 pieds au-dessus du niveau de l’Océan-Pacifique. Dans cette partie de l’isthme, on voit que le canal eût été à point de partage, et on comptait l’alimenter avec les eaux d’une rivière nommée Tosta ou Tolita; il n’aurait pas fallu moins de 29 barrages écluses, 6 pour gravir le versant oriental, et 23 pour redescendre le versant occidental de la ligne de faîte jusqu’à Realejo, le seul port passable de la côte.

Ce projet, qui tirait parti de la disposition naturelle de l’état de Nicaragua et du merveilleux enchaînement de rivières et de lacs qui traversent l’isthme presque entièrement, devait naturellement servir de base à ceux qui l’ont suivi. On a seulement cherché à laisser le lac Managua en dehors de la ligne et à en trouver une plus directe entre le lac même de Nicaragua et l’Océan-Pacifique. Cette modification forme le trait principal d’un projet important présenté par la compagnie américaine, qui envoya récemment un corps d’ingénieurs, sous le commandement du colonel Childs, reprendre les études du canal du Nicaragua[1].

Les auteurs de ce projet ont évité le lac Managua pour diminuer la longueur du canal et le nombre des écluses. D’ailleurs la partie du canal qui joindrait le lac Managua à l’Océan-Pacifique serait, avons-nous dit, à point de partage, et il paraît qu’on n’est point sûr de pouvoir l’alimenter au niveau élevé qu’il devrait forcément atteindre. On ne pouvait obvier à cet inconvénient qu’en faisant à grands frais une coupure à travers la ligne de faîte qui domine le lac de Managua. A tous ces désavantages il faut encore ajouter la profondeur tout à fait insuffisante et l’irrégularité du lit de la rivière Tipitapa, qui joint les deux lacs. Les travaux qu’il faudrait entreprendre pour l’approfondir et la canaliser sont si considérables, qu’il serait sans doute préférable de creuser un canal latéral. Frappé de ces inconvéniens, le colonel Childs a exploré les vallées transversales qui font communiquer directement le lac de Nicaragua avec la mer. Il a choisi comme la plus favorable celle qui va de l’embouchure de la rivière Lajas à la ville de Brito, sur l’Océan-Pacifique. Le canal, dans ce projet, suivrait le cours du Lajas, et plus loin celui d’une autre rivière nommée Rio-Grande. La distance du lac à la mer sur cette ligne n’est que de 18 milles; la différence de niveau est à marée basse de 102 pieds, à marée haute de 111 pieds, et la descente se ferait par quatorze écluses placées à 8 pieds les unes au-dessus des autres. L’obstacle principal est ici l’absence d’un port

  1. Report of the Surveys and Estimates of the cost of constructing a Interoceanic ship Canal from the harbour of San-Juan del Norte (Greytown) on the Atlantic, to the harbour of Brito, on the Pacific in the state of Nicaragua, Central America, made for the American, Atlantic and Pacific ship canal C° in the years 1850-51-52, by Orville W. Childs; New-York 1852.