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110 au niveau de l’eau, et 20 pieds de profondeur. Les écluses, au nombre de vingt-quatre, qui servent à franchir le faîte, ont des chambres de 40 pieds de large et de 172 pieds de long. Le canal de Nicaragua devait encore dépasser ces dimensions déjà colossales : la profondeur était portée à 23 pieds; la largeur, qui, à la hauteur du niveau de l’eau, devait être de 147 pieds, permettait de faire passer en même temps trois bâtimens de 1,200 tonnes. On assignait aux écluses 47 pieds de large et 210 pieds entre les deux portes, de façon ta admettre en même temps deux navires de 300 tonnes.

La distance entre les deux points terminaux du canal proposé était de 278 milles; sur cette longueur, il n’y avait de travaux de canalisation à effectuer que sur 82 milles seulement. Sur la ligne qui sépare les ports des deux extrémités, San-Juan de Nicaragua ou Greytown, du côté de l’Atlantique, et Realejo sur l’Océan-Pacifique, on peut distinguer cinq sections principales : le cours de la rivière San-Juan, le lac de Nicaragua, la rivière Tipitapa, qui unit le lac de Nicaragua au lac Managua ou Léon, et la partie de l’isthme qui s’étend jusqu’à l’Océan-Pacifique et à la baie de Fonseca.

Le cours du San-Juan, qui unit la ville du même nom au lac de Nicaragua, a 104 milles de long; la navigation y est rendue fort difficile par une succession de rapides où le lit est peu profond, et où les eaux descendent avec une grande violence sur un fond très incliné. Ces rapides sont au nombre de quatre; on espérait les franchir et y obtenir une suffisante profondeur d’eau en enfermant chacun d’eux entre deux barrages écluses; en d’autres points, où la profondeur d’eau n’est pas assez grande pour le passage de gros bateaux, on aurait de même établi des écluses et approfondi le lit par des travaux de curage. En tout, on aurait établi dix barrages écluses sur le cours du fleuve. En outre, une branche, nommée le Colorado, par où se perd une quantité d’eau considérable, eût été fermée, et la rivière, ainsi grossie, aurait elle-même nettoyé son lit sur une certaine distance.

La rivière de San-Juan sort du beau lac de Nicaragua, qui n’a pas moins de 90 milles de long, et présente en plusieurs points de ses rives d’excellens emplacemens pour des ports et des villes. Le lac est uni par la petite rivière Tipitapa, qui a 20 milles de long, au lac Managua, situé à un niveau un peu plus élevé au-dessus de la mer. Dans le projet qui nous occupe, cette différence de hauteur, évaluée à 30 pieds, devait être rachetée par l’établissement de trois écluses. On proposait aussi l’entière canalisation de la rivière, qui n’est actuellement navigable en bateau que jusqu’à 12 milles du lac de Nicaragua, et dont le lit est partout encombré de rochers.

A partir du lac de Managua, la ligne suivie par le canal va encore en s’élevant à 55 pieds, pour atteindre la ligne de faite, située