Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une dernière question économique se rattache au budget de l’Inde et a vivement préoccupé les esprits en Angleterre il y a quelques années : nous voulons parler des relations de patronage établies entre le gouvernement de la compagnie et les religions natives. Aux premiers jours de la conquête, le gouvernement de l’honorable compagnie, étonné, presque effrayé de l’immensité de ses succès, chercha par tous les moyens à capter la confiance de ses nouveaux sujets. Comprenant avec une rare sagacité combien les folles superstitions des croyances natives avaient gardé d’influence parmi les populations de l’Inde, les hommes d’état anglais qui présidèrent les premiers aux destinées de la conquête s’imposèrent la loi de ne léser en rien les préjugés religieux de leurs nouveaux sujets. Cette tolérance, sage sans doute au début, prit bientôt les proportions d’un patronage ouvert et bienveillant. Aux jours de solennités religieuses, des escortes de soldats accompagnèrent les processions des idoles; le canon fut tiré en leur honneur; le nom de Sri Ganesha, déesse de la sagesse, fut inscrit en manière de dédicace en tête des almanachs publics; les sermens dans les cours de justice furent prêtés sur le Coran ou au nom des idoles hindoues. Enfin, dans les administra-