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règlemens nouveaux, dont l’ingénieux mécanisme assurait au trésor public tous les bénéfices d’un monopole sans obliger ses agens à recourir à des mesures minutieuses de surveillance fiscale, toujours gênantes et le plus souvent odieuses aux populations. La fabrication du sel ne fut pas interdite aux particuliers, mais tout le sel fabriqué par eux dut être livré à l’agent du gouvernement à un prix rémunérateur fixé d’avance, et variant, suivant la qualité, de 7 à 12 anas le maund (82 livres anglaises). Le sel ainsi obtenu et le sel fabriqué dans les salines du gouvernement sont mis en vente chaque année en lots de cinquante tonneaux, dont le prix est fixé de manière à défrayer toutes les dépenses d’acquisition, de fabrication, de transport, de magasinage, et de plus à acquitter un droit fixe de 2 roupies 12 anas par maund. Le gouvernement de l’Inde n’eut qu’à s’applaudir des résultats de ce système, et le revenu du sel, qui en 1781-82 s’élevait seulement à 321,912 livres sterling, atteignit en moyenne, pendant les années 1809-10, 1810-11, 1811-12, la somme de 1,360,180 livres sterling. En parlant de l’impôt du sel, on ne peut omettre de dire quelques mots des nouveaux élémens que la destruction du monopole commercial de la compagnie a fait entrer dans cette branche intéressante du revenu de l’Inde. Jusqu’au quatrième renouvellement de la charte de l’Inde, les restrictions dans lesquelles le commerce du pays était placé empêchaient le sel étranger de paraître sur les marchés de l’est, qui se trouvaient exclusivement approvisionnés de cette denrée de première nécessité par la fabrication indigène, fabrication à la fois difficile et dispendieuse. En 1834, la nouvelle législation permit au sel étranger d’entrer dans la consommation indienne moyennant un droit calculé de manière à laisser au gouvernement le même profit que si le sel importé eût été fabriqué sur ses domaines. L’expérience a prouvé tout ce qu’il y avait de rationnel et d’opportun dans cette modification des anciens tarifs. En 1851, il a été introduit dans l’Inde 62,500 tonneaux de sel étranger, et sans que le revenu public éprouvât le plus minime déficit, le commerce anglais a trouvé un fret pour l’aller de 135 navires jaugeant en moyenne 500 tonneaux.

Les droits de douane, qui fournissent une part importante des revenus publics, peuvent se résumer ainsi : un droit de 5 pour 100 ad valorem sur les marchandises importées de production anglaise et de 10 pour 100 sur les produits étrangers, un droit de 2 roupies par douzaine sur les vins et spiritueux, le droit sur le sel dont on vient de parler, et enfin certains droits minimes et variables imposés aux produits du sol à l’exportation.

Il faut noter encore, parmi les ressources financières du budget de l’honorable compagnie, le monopole de l’opium et l’akbarry, ou droit