Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partie intégrante du contrat primitif. Il suit de là que le revenu foncier tel qu’il fut fixé aux jours de lord Cornwallis, tel qu’il existe encore aujourd’hui dans le Bengale, est de beaucoup inférieur à ce qu’il devrait être, et malheureusement pour ses finances le gouvernement du Bengale ne saurait porter remède à cette situation vicieuse sans forfaire aux termes d’un engagement solennel.

Dans le système des ryots, qui fut appliqué en grand aux premières années du siècle dans la présidence de Madras, sous l’influence dirigeante de sir Thomas Munro, le gouvernement, propriétaire immédiat du sol, est en contact, sans agence intermédiaire, avec les cultivateurs, auxquels il cède la terre en baux annuels et variables sur rendement. Le gouvernement et le cultivateur conservent tous deux leur indépendance, celui-ci pouvant à son gré augmenter ou abaisser les fermages, celui-là rejeter ou accepter les conditions qui lui sont faites.

Enfin le système des provinces nord-ouest, combinaison mitigée des deux autres, moins irrévocable que le premier, moins mobile que le second, met le gouvernement en présence de diverses classes de fermiers, grands propriétaires, petits cultivateurs, communautés de village, parties contractantes de baux à longue échéance, de vingt-cinq et même trente ans.

Quelques chiffres empruntés aux documens officiels publiés sur le district de Cawnpore, l’un des plus fertiles et des mieux cultivés du domaine de la compagnie, donneront une idée approximative des profits que la communauté agricole de l’Inde retire de ses labeurs. Des travaux statistiques récens établissent que ce district compte 16,542 propriétaires, qui cultivent en moyenne une contenance de 78 acres. En supposant toutes ces terres en culture et en évaluant à 12 roupies le rendement de chaque acre, l’on obtient un total de 936 roupies, dont il faut défalquer l’impôt, ou le quart du produit brut, soit 234 roupies. Il reste donc net au propriétaire, pour faire face aux frais de l’exploitation et de l’entretien de sa famille, une somme de 702 roupies (environ 1,755 francs). Ce sont là les riches, les heureux de cette terre, et si l’on arrive à examiner les conditions d’existence des petits cultivateurs, ou trouve qu’il en est dans le district 61,000 qui cultivent en moyenne 6 acres de terre, et 35,000 qui cultivent 4 acres seulement. Appliquons donc à ces deux classes les chiffres précédens, et nous trouverons pour résultat que la première, impôt payé, ne peut disposer annuellement, pour suffire aux frais agricoles et aux dépenses de la famille du ryot, que de 54 roupies (135 francs), la seconde, de 36 roupies (90 francs). Est-il rationnel et juste de prendre texte de ces chiffres pour s’apitoyer outre mesure sur le sort du cultivateur natif, et pour dénoncer à l’indigna-