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trie que dans l’extinction des derniers sentimens qui lui lassent encore battre le cœur !

On s’explique aisément que ceux des Italiens qui, à quelque titre que ce soit, passent pour appartenir à l’un ou à l’autre de ces partis soient pour le reste de leurs compatriotes un objet d’aversion : mais il faut lire le Rinnovamento pour se faire une idée de la violence des invectives que cette aversion des absolutistes inspire aux libéraux. Voici par exemple quelques fragmens des portraits que trace l’abbé Gioberti du roi de Naples et du cardinal Antonelli, qu’il représente, l’un comme le champion par excellence du despotisme laïque, et l’autre comme le représentant le plus obstiné de l’absolutisme ecclésiastique. En traduisant ces passages, on ne saurait évidemment prendre à aucun degré la responsabilité des jugemens qu’ils énoncent, ni s’associer en aucune façon à la virulence inouie du langage dans lequel ils sont exprimés. Nous n’avons d’autre dessein, en traduisant les étranges paroles qu’on va lire, que de mettre sous les yeux d’un public qui juge tout ce qu’il lit un monument curieux de la haine qui anime les partis contemporains de l’Italie les uns contre les autres. L’abbé Gioberti dit plusieurs fois dans son ouvrage que cette haine est extrême ; il en donne lui-même ici la preuve. Voici quelques lignes du portrait qu’il trace du roi de Naples : « ….. Il ne saurait entrer aucune idée généreuse ni grande dans l’âme de ce Bourbon, qui rassemble en lui, en les empirant encore, tous les vices de sa race. Il est arrivé en lui à cette race ce qui arrive à certaines plantes malfaisantes, qui, lorsqu’on les acclimate sous un ciel brûlant, en deviennent plus vénéneuses. » Voici maintenant quelques passages du morceau relatif au cardinal Antonelli : « ….. Antonelli n’a rien de la loyauté ni de la fermeté de l’homme d’état ; il se jette indifféremment dans le parti où il croit faire ses affaires. C’est ainsi qu’il a joué le libéral en 1848, et qu’aujourd’hui on le voit surpasser en violence les fureurs des sunfédistes ; c’est un nouveau rôle où il produit plus d’effet, car il est tout entier dans sa nature, qui se révèle dans son visage teint de fiel, dans ses regards en coulisse, dans son froncement de sourcils faux et hautain. Sans véritable esprit, ignorant, étranger à toute pratique et à toute connaissance des affaires, mais consommé dans les intrigues et les ruses qui font souvent tout le génie des esprits médiocres, il a passé le temps de l’exil de Gaëte à s’emparer hypocritement de la confiance de Pie IX, à lui fermer les oreilles à la vérité et le cœur au bien, à se rendre maître de sa pensée et de sa volonté. Les diplomates d’alors, comme on le dit, ont-ils obligé le pauvre pape à s’engager formellement à abdiquer tout pouvoir politique entre les mains de ce cardinal ? C’est ce que je ne saurais garantir tout à fait ; mais, quoi