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dans sa correspondance avec son frère Joseph, comme aussi les mémoires de ses lieutenans et les souvenirs de tous ceux qui ont été les acteurs de cette surprenante époque.

CH. DE MAZADE.


DE L’ASSISTANCE SOCIALE, par le Dr Hubert Valleroux[1]. — L’auteur de ce livre est un médecin connu dans le monde scientifique par plusieurs travaux estimés sur les maladies de l’ouïe et de la vue. Des rapports assidus avec les sourds-muets et les aveugles l’ont mis à même d’étudier cette classe d’êtres exceptionnels, non-seulement au point de vue médical, mais encore au point de vue religieux, moral et économique. La profession du médecin se trouve d’ailleurs tous les jours en contact avec le système de la charité publique et avec les souffrances diverses de la société. « À ceux qui nous demanderaient nos titres, dit le docteur Hubert, nous répondrions que depuis plus de vingt ans nous étudions, soit comme élève, soit comme docteur en médecine, les institutions décrites dans cet ouvrage. » L’auteur se propose de dire ce que l’assistance sociale a été, ce qu’elle est, ce qu’elle devrait être. Dans la partie historique de son livre, M. Hubert nous montre le sentiment de la bienfaisance se développant avec le sentiment religieux, avec les lumières, avec le progrès des institutions politiques. Dans la partie descriptive, il trace un tableau fidèle de l’état actuel des hôpitaux, des hospices, des établissemens publics destinés à secourir et à instruire les enfans trouvés, les sourds-muets, les aveugles, les idiots. La critique s’exerce, mais toujours avec mesure et gravité, sur certaines branches de l’administration, sur certains services publics, sur certaines formes de l’assistance. Cette critique, appuyée sur des faits, sur des observations personnelles, sur les rapports mêmes des inspecteurs, conduit naturellement le docteur Hubert à rechercher les améliorations qu’on pourrait introduire dans l’organisation actuelle des secours. On ne saurait méconnaître que les réformes proposées par l’auteur, quoique souvent fort discutables, n’offrent plusieurs côtés pratiques. Le point de vue expérimental auquel il s’est placé, sa profession de médecin, une connaissance scrupuleuse des besoins propres aux infirmes et aux malades de la classe pauvre, le défendent heureusement contre les utopies et les chimères. Une des questions les plus importantes, le plus à l’ordre du jour, et que le docteur Hubert traite avec des lumières spéciales, est celle du remplacement de l’assistance pratiquée dans les hôpitaux et les hospices par des secours à domicile ou par une pension viagère. L’auteur examine avec soin les vices et les avantages des deux systèmes. Entre ceux qui veulent maintenir les hôpitaux et ceux qui proposent de les détruire en les remplaçant par une distribution de secours aux malades ou aux infirmes, M. Hubert trouve place pour un troisième régime, qui serait celui de la liberté. Le choix serait laissé aux pupilles de la charité publique, et de récentes expériences semblent indiquer que dans le plus grand nombre de cas ceux-ci opteraient pour le domicile. L’auteur voit à cela plusieurs avantages moraux et économiques. Au point de vue de l’économie, on pourrait secourir à moins de frais un plus grand nombre de malades, d’infirmes et de vieillards. Des chiffres irrécusables prouvent en effet que les hôpitaux et les hospices coûtent propor-

  1. Un vol. in-8o, chez Guillaumin.