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ÉTUDES
SUR
L’INDE ANCIENNE ET MODERNE



III.
LES HÉROS PIEUX. — RÂMA.



I.

Après les rois maudits[1], qui avaient essayé de lutter contre le brahmanisme, apparaissent les héros pieux, célébrés par tous les poètes de l’Inde ancienne, et dont la mémoire vit encore dans le souvenir des peuples hindous. Cédant aux instincts de la vie sauvage, les rois maudits entraînaient la race aryenne hors des voies de la civilisation ; doit-on s’étonner que la tradition les ait flétris ? Les héros pieux au contraire, fidèles aux inspirations religieuses qu’ils recevaient des brahmanes, devenus les précepteurs spirituels de la nation hindoue, s’appliquèrent de toutes leurs forces au maintien de la justice et à la pratique des vertus. Ils se montrèrent les protecteurs du culte brahmanique, les défenseurs des faibles contre les forts, et contribuèrent à étendre au loin l’influence des idées indiennes : de là l’auréole de gloire qui rayonne autour de leur front, de là l’empressement des peuples à chanter leurs louanges et à se raconter d’âge en âge, dans des poèmes immenses, leurs exploits plus ou moins fabuleux. Que la légende ait transformé en actions surhumaines et merveilleuses les faits et gestes les plus ordinaires de ces

  1. Voyez sur les rois maudits la livraison du 1er juillet 1856 ; voyez aussi le premier article de cette série dans la livraison du 1er mai 1856.