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types fondamentaux ou secondaires ; comment s’établissent ou se manifestent des harmonies organiques, tantôt rationnelles, tantôt purement empiriques ; nous pourrions discuter avec lui la doctrine de la subordination des caractères, celle des caractères dominateurs. Ce serait toutefois aller peut-être au-delà de notre but, qui est de montrer surtout, d’après cet ouvrage, les tendances qui prévalent de nos jours dans la zoologie. On a pu voir comment la physiologie la plus élevée a inspiré l’Introduction à la zoologie générale, et comment, éclairé par elle, l’esprit comprend et coordonne sans peine une foule de faits anatomiques, embryogéniques et même paléontologiques, trop souvent regardés comme dépourvus de liens. Rattacher à la physiologie toutes les autres branches de la zoologie, celles-là mêmes qui semblent lui être le plus étrangères, telle était l’intention de l’auteur, et cette intention, dès aujourd’hui, on peut la regarder comme pleinement réalisée.

L’Introduction à la zoologie générale s’adressait à deux classes de lecteurs : aux hommes qui, déjà au courant de la science, veulent en coordonner les détails, et à ceux qui, sans être spéciaux, désirent se faire une idée des principes généraux de la zoologie. Pour les uns et les autres, un exposé rapide des doctrines, appuyé sur un petit nombre de faits décisifs, devait suffire, et l’ouvrage de M. Edwards a été conçu dans cet esprit. Les Leçons de physiologie devaient aller à un public différent et nécessitaient un mode d’exposition tout autre. Ici l’auteur parlait ou à des étudians qu’il fallait mettre au courant des faits et des idées élémentaires, ou à des savans curieux de renseignemens précis et minutieux. Sous ce double rapport, les Leçons de physiologie satisfont largement à toutes les exigences. Un texte détaillé, et cependant très clair, forme le corps de l’ouvrage. Un double système de notes permet à l’auteur, tantôt de creuser plus avant une question délicate, tantôt de faire quelqu’une de ces réserves que commande l’état encore imparfait de nos connaissances, toujours d’indiquer les sources où il a puisé.

Dans un livre comme dans un cours, il y a deux manières de présenter un ensemble de phénomènes. Le professeur, l’écrivain peuvent exposer l’état actuel de la science sans s’inquiéter des moyens qui ont fait atteindre le but, ou bien ils peuvent suivre l’esprit humain dans les voies souvent bien tortueuses qui l’y ont conduit. De ces deux méthodes, la première, comme l’observe M. Edwards, a pour elle la précision et la force ; la seconde a certainement plus d’utilité. Le spectacle des efforts que nécessitent le développement d’une science et l’acquisition du moindre progrès durable est un spectacle plein d’enseignemens. En voyant comment nos prédécesseurs ont été conduits à leurs découvertes, nous apprenons à marcher