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l’érudition classique est toujours également en honneur chez les naturalistes. Grâce aux efforts des voyageurs, aux investigations des collecteurs indigènes, nos musées regorgent de richesses qui trouvent, une place toute faite dans les cadres préparés d’avance. Chaque jour quelque animal nouveau, décrit d’ordinaire avec un soin extrême, vient grossir ; le catalogue, déjà effrayant, des espèces vivantes ou éteintes. Une foule de mémoires, de monographies, de grands ouvrages généraux, accusent la marche incessante de la zoologie descriptive, qui laissera de notre époque un véritable monument dans les Suites à Buffon[1].

Dans tous ces ouvrages, la nomenclature binaire cette grande invention de Linné, est seule employée ; les classifications oscillent généralement autour de celles qu’avaient proposées nos illustres devanciers. Toutefois la méthode, en se perfectionnant chaque jour, a fait distinguer entre les êtres vivans, entre les animaux en particulier, deux sortes de rapports bien distincts. On s’est aperçu que certains traits de ressemblance accusaient un voisinage réel, une sorte de parenté, tandis que d’autres indiquaient seulement des analogies existant entre des êtres d’ailleurs très différens et, appartenant, parfois à des groupes assez éloignés. Nous reviendrons plus loin sur ce sujet ; bornons-nous à dire ici que ces faits bien reconnus ont donné naissance aux classifications appelées paralléliques par M. Isidore Geoffroy, qui le premier a représenté à la fois par ce moyen les affinités et les analogies des mammifères.

La zoologie générale s’est enrichie ; de nombreux et importans travaux relatifs à la distribution géographique des animaux. M. Forbes, étendant à la mer cette sorte de recherches, en a sondé les abîmes, et mis hors de doute deux faits aussi importans que curieux : le premier, que toute vie s’arrête à une profondeur assez peu considérable ; le second, que les animaux sont distribués autour des rochers et des montagnes sous-marines en zones superposées, qui restent constamment distinctes ou ne se confondent que par l’intermédiaire de quelques espèces errantes ; Toutefois la zoologie géographique ne possède aucun ouvrage qui résume les faits et en expose les lois.. Moins heureuse que la botanique, elle attend, encore son Alphonse de Candolle.

On pourrait en dire à peu près autant de la paléontologie, qui touche aussi par tant de côtés à la zoologie générale. À mesure qu’elle grandit, cette branche de la science semble s’écarter du

  1. Cette belle collection, publiée chez l’éditeur Roret, se compose d’une suite de traités complets sur les diverses branches des sciences naturelles, tous accompagnés de leur atlas spécial. Quelques-uns des principaux ouvrages qui la composent sont déjà terminés, d’autres sont en voie de publication.