Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/665

Cette page a été validée par deux contributeurs.


D’UNE THÉORIE POLITIQUE
DE M. BÉRANGER
ADOPTÉE
PAR M. DE LAMARTINE


Il y a plus de trente ans, l’Europe, alors très occupée cependant, prit un véritable intérêt à la découverte inattendue de la République de Cicéron, déchiffrée sur palimpsestes par un abbé romain, devenu depuis cardinal, en partie pour cette bonne œuvre. Tous les journaux en parlèrent longuement, comme s’ils n’avaient pas eu, dans ce temps-là, bien d’autres choses à dire. De l’Italie, et du patronage pontifical, l’ouvrage tomba vite dans le domaine public et fut réimprimé et commenté de toutes parts. L’auteur de cette note eut le mérite ou la témérité d’en essayer le premier une traduction en langue vulgaire, et comme les nouveaux fragmens étaient encore fort incomplets et pleins de lacunes, il y joignit des supplémens qui furent traduits à leur tour à l’étranger : tant l’ouvrage était porté, par une sorte de faveur publique, pour les idées mêmes qu’il rappelait ! Cela s’explique par les préoccupations habituelles de cette époque. On aimait à retrouver dans la pensée des grandes âmes de l’antiquité ce qui était l’entretien et l’allusion du jour. Les dissidences étaient rares sur ce point. Je me souviens seulement qu’un professeur de l’université de Varsovie, par ordre ou par zèle, écrivit un savant volume pour réfuter les théories dangereuses, les idées de pondération de pouvoir et de droit absolu, qu’il s’effrayait de rencontrer dans le manuscrit trop mutilé de la République, et même dans les observations du traducteur.