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qui contiennent peu de sels solubles, et sous ce rapport, il n’existe absolument qu’un seul moyen de rendre au sol sa fertilité, c’est de lui restituer les sels qu’il a perdus ou qu’il ne possédait point. Ces sels sont variables par la quantité et la qualité. Quelques-uns peuvent être suppléés, et il importe de les connaître ; d’autres sont indispensables, non-seulement à la vie des plantes, mais surtout à la forme des animaux qui doivent s’en nourrir. Ainsi deux chênes supportés par des terrains différens peuvent contenir, l’un de la chaux, l’autre de la magnésie. La soude et la potasse peuvent aussi se remplacer suivant que les plantes poussent dans l’intérieur des terres ou sur le bord de la mer. Cependant il est d’autres substances que chaque végétal doit trouver nécessairement dans le sol qui le supporte, sous peine de ne point exister. Les sels les plus ordinaires dans les plantes sont les chlorures alcalins, les phosphates de chaux, les carbonates de chaux et de magnésie, les oxydes de fer et de manganèse, les silicates alcalins. On sait que ce qu’on appelle un sel est le résultat de la combinaison d’une base ou oxyde avec un acide. Cette forme est tellement nécessaire aux plantes que lorsque le terrain ne contient rien qui s’y rapporte, la plante produit elle-même un composé organique doué de propriétés analogues à celles des bases minérales, et ce composé se combine avec un acide. Ainsi, dans des pommes de terre venues sur le sol d’une cave, pauvre en principes minéraux, s’est formé un alcali organique, la solanine. Il est inutile de dire que la récolte était mauvaise.

Les extrémités des radicules, les spongioles, ont des pores bien tenus, et ne peuvent absorber que des liquides. Une poudre, quelque impalpable qu’elle soit, ne saurait s’introduire dans la plante, et si dans les cendres on trouve souvent des sels insolubles, ils se sont formés dans le végétal lui-même, par la réaction de deux sels solubles ou par la combustion. Il faut donc prendre soin, non de ne porter sur la terre que des sels solubles, mais seulement des sels qui, par leurs réactions connues, puissent se transformer en sels solubles et être alors absorbés. Cette absorption se fait d’une façon merveilleuse, et dans une dissolution de plusieurs sels les plantes vont chercher ceux qui leur conviennent dans la proportion nécessaire, et à un degré déterminé de concentration. Ainsi une plante marine prendra du chlorure de sodium ou sel marin, la vigne de la potasse, l’ortie ou la bourrache du salpêtre ou nitrate de potasse, qui alors ne sert point à donner de l’azote aux organes, mais se retrouve à l’état de sel dans la tige. On voit même ici combien cette division entre les deux chimies est arbitraire, puisque ce sel, que nous considérions tout à l’heure comme une source des élémens organiques des végétaux, est maintenant un minéral, et qu’il