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commence à germer, elle se gonfle, son enveloppe se rompt, et tandis que la radicule, qui doit plus tard devenir la racine, se dirige vers le sol, la plumule, qui doit devenir la tige, se développe. La plante qui naît se trouve ainsi exposée à l’action de l’air, de la terre et de l’humidité ; il se produit aussitôt des réactions chimiques, il se dégage de l’électricité et de la chaleur, et c’est là, c’est dans cette eau, ce sol et cette atmosphère, que le végétal puise tous les élémens qui doivent le composer. Il faut donc qu’ils s’y trouvent, et en même temps il faut qu’ils soient dans un certain état propre aux combinaisons nouvelles qu’ils vont former. S’il y a quelque chose de mystérieux dans la cause première de la germination, dans cette force qui se développe tout à coup au sein d’une petite graine, sous l’influence de l’oxygène et de l’humidité, à partir de ce moment, l’impulsion une fois donnée, rien ne doit plus être mystérieux ; les corps de la nature sont soumis aux mêmes lois, qu’ils se trouvent dans les creusets de nos laboratoires ou dans le sein de la terre. Du premier de ces phénomènes nous n’avons pas, grâce au ciel, à nous occuper : il appartient à une science qui n’est pas encore faite, à cette partie de la physiologie sur laquelle l’expérience n’a pu encore jeter qu’un faible jour, et qui se confondra sans doute avec la chimie et la physique. Ainsi la confusion est déjà évidente pour l’introduction des sucs dans les racines : cette succion est un phénomène du ressort de la physique, que l’on peut reproduire à volonté, et nommé endosmose par M. Dutrochet ; mais cela ne doit point nous arrêter, et nous ne nous préoccuperons que des actions bien connues et bien claires de chacun des élémens du sol, de l’air et de l’eau sur les organes de la plante. Ces actions ont été particulièrement étudiées par M. Boussingault, à qui avant tout il faut rendre hommage lorsqu’on touche à la chimie appliquée à l’agriculture : les autres n’ont fait que vérifier ou étendre ses découvertes. C’est lui qui le premier, en France du moins, car Davy, en Angleterre, avait là aussi marqué la trace de son génie, a recherché quelle partie de ses élémens la plante enlève au sol, quelle autre à l’eau, quelle autre à l’air. On voit tout de suite que, quelque délicates que soient ces expériences, et quoique faites pour les mains habiles d’un théoricien dans un laboratoire, elles ont une conséquence immédiate dans la pratique. Telle plante qui se nourrit dans l’air épuisera à peine le sol, telle autre dont les racines seules enlèvent au milieu ambiant les principes nutritifs aura besoin d’être très fumée, telle autre qui réunira ces deux caractères se placera dans la moyenne. En outre il sera important de connaître quels élémens sont fournis par l’air, quels autres par le sol, pour modifier ce dernier suivant les cas. On comprend donc déjà qu’on puisse dire au figuré