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LA
GRÈVE DE PRESTON



Les années 1853 et 1854 ont été fécondes pour l’Angleterre en faits industriels qui méritent au plus haut degré l’attention des économistes, soit par les enseignemens généraux qu’en peut tirer la science, soit par la lumière qu’ils jettent sur les ressources de l’industrie anglaise et sur l’état moral des populations qu’elle occupe. C’est à ce double titre que le plus remarquable de ces faits, — la grève de Preston, — nous paraît appeler une étude à laquelle nous invitent des souvenirs, des observations recueillis sur place, et qui, dans les conditions où se poursuit aujourd’hui le développement industriel de l’Angleterre, n’a peut-être rien perdu de son opportunité. Les circonstances au milieu desquelles s’est produit le mouvement de Preston demandent avant tout à être indiquées rapidement, car le lien qui rattache cette grève aux changemens apportés par sir Robert Peel dans la législation de son pays en ressort avec une pleine évidence, et les événemens dont Preston a été le théâtre offrent ainsi l’occasion de préciser quelques résultats de ces réformes au point de vue économique comme au point de vue moral.

Personne n’ignore quel prodigieux essor le commerce et l’industrie prirent en Angleterre après l’établissement du nouveau régime commercial. La navigation et l’agriculture, stimulées par la concurrence et favorisées par la prospérité générale, loin de succomber aux désastres qu’on leur avait prédits, entrèrent l’une et l’autre dans une voie de progrès et de profits inespérés. Jamais, dans l’histoire