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LE ROMAN
EN ALLEMAGNE

RECITS PHILOSOPHIQUES ET POPULAIRES DE BERTHOLD AUERBACH.
I. Spinoza, 1 vol., Manheim 1854. — II. Dichter und Kaufmann, 1 vol., Manheim 1855. — III. Schatzkoestlein des Gevattersmanns, 1 vol., Stuttgart 1856. — IV. Barfüszele, 1 vol., Stuttgart 1856, par Berthold Auerbach.



À considérer aujourd’hui les littératures européennes, il semble qu’il y ait des périodes spéciales pour les œuvres de la poésie et pour les recherches de la pensée, comme il y a des saisons distinctes pour les fleurs et les fruits. La poésie lyrique, le roman, le théâtre même malgré son infériorité relative, ont eu leurs jours de triomphe dans la première moitié du XIXe siècle ; en ce moment, ils semblent presque généralement céder le pas à des travaux d’un ordre plus sévère. Si l’on excepte un petit nombre d’esprits fidèles à l’idéal, la forme lyrique n’est le plus souvent maniée que par des imitateurs plus ou moins adroits des écoles disparues, qui s’agitent vainement pour vaincre l’indifférence publique. Le roman et le théâtre, qui essaient de se renouveler, ne se laissent que trop facilement entraîner vers l’étude complaisante et la peinture matérialiste des choses les plus indignes de l’art. Pendant ce temps-là, l’histoire, l’érudition, la philologie, la critique appliquée à tous les produits de la pensée humaine, continuent leurs explorations et demeurent fidèles à la mission de notre âge.

Cette situation n’est point particulière à la France : l’Allemagne et l’Angleterre nous donnent le même spectacle. Certes les instincts