routiers qu’à des hordes de sauvages. Ils cherchaient un pays pour s’établir et le cultiver ou le faire cultiver. De plus, excepté les Huns, presque tous étaient chrétiens ; le plus grand nombre, il est vrai, avaient embrassé l’arianisme ; ils avaient cela de commun avec plusieurs empereurs. Les Goths de l’arien Alaric respectèrent beaucoup plus les églises de Rome que ne le firent depuis les soldats du très catholique empereur Charles-Quint.
On a fait fort injustement de Goth et de Vandale le synonyme de ravageur de monumens. Les Goths, les plus civilisés et les plus civilisables des peuples qui fondirent sur l’empire romain, ont donné, je ne sais pourquoi, leur nom à la barbarie. L’architecture ogivale, qu’ils n’ont point inventée, a été appelée gothique dans un temps où elle était méprisée uniquement parce qu’on la considérait comme une architecture barbare. À la renaissance, ce préjugé injurieux contre les Goths était si fortement enraciné, qu’un architecte de ce temps, Flaminio Vacca, semble croire à leur existence et leur attribue la destruction des monumens, destruction qu’il voyait s’accomplir sous ses yeux par d’autres mains.
Les Vandales ne se montrèrent pas non plus si sauvages qu’on les a dépeints : c’était l’opinion de Louis XVI, qui, comme on sait, s’occupait beaucoup de géographie et d’histoire. Et qu’il me soit permis à cette occasion de relater un fait qui prouve, chez ce malheureux prince, le plus étrange sang-froid. Au 10 août, Louis XVI, qui s’était réfugié avec sa famille dans le sein de l’assemblée nationale, regardait impassible défiler les bandes de furieux qui venaient faire retentir la salle des séances de leurs imprécations contre le tyran. L’un de ces misérables l’ayant appelé Vandale, le roi, placé dans la loge du logographe, près du siège du président, dit à M. Lémontey, qui occupait momentanément le fauteuil de la présidence, et de qui je tiens cette singulière anecdote : « On se trompe sur les Vandales, ils n’étaient pas si barbares qu’on le croit. » Je pense que Louis XVI avait raison, et quand de nos jours on a appelé vandalisme ce que font les gouvernemens et les particuliers qui renversent les monumens historiques ou les mutilent pour les rajeunir, je pense qu’on a fait tort aux Vandales.
Les Goths et les Vandales n’eurent pas le loisir de beaucoup ravager ; si l’on excepte Totila, ils ne firent guère que passer à Rome. Alaric n’y resta que six jours, selon un chroniqueur, et seulement trois d’après un autre ; il détruisit si peu, qu’Orose, favorable, il est vrai, aux Barbares, a pu dire : Bien que la mémoire de ce fait soit récente…, on penserait que rien n’est arrivé ; nihil factum. Cependant nous savons qu’Alaric saccagea les jardins de Salluste et endommagea le Colisée, mais il n’incendia que quelques bâtimens, dit Orose ; facto aliquantarum œdium incendio. Genseric pilla Rome pendant