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de la Rome chrétienne, et cependant on n’y a pas élevé une église, on n’y a pas, que je sache, consacré une chapelle à ce martyr de l’humanité.

Durant cette époque stérile, sauf les églises dont il sera parlé ailleurs, il ne s’est élevé presque aucun monument à Rome ; mais il s’est formé une montagne, une colline au moins : c’est la montagne des Pots-Cassés, Monte-Testaccio. Le Monte-Testaccio, comme son nom l’indique, est uniquement composé de vases brisés. On ne trouve pas autre chose à sa surface ; les caves creusées à sa base et des tranchées pratiquées à travers sa masse pendant le dernier siège ont permis de s’assurer qu’il en était de même dans toute sa profondeur et dans toutes ses parties. Le Monte-Testaccio est pour moi des nombreux problèmes qu’offrent les antiquités romaines le plus difficile à résoudre. On ne peut s’arrêter à discuter sérieusement la tradition d’après laquelle il aurait été formé avec les débris des vases contenant les tributs qu’apportaient à Rome les pétroles soumis par elle. C’est là évidemment une légende du moyen âge née du souvenir de la grandeur romaine et imaginée pour exprimer la haute idée qu’on s’en faisait, comme on avait imaginé ces statues de provinces placées au Capitole, et dont chacune portait au cou une cloche qui sonnait tout à coup d’elle-même, quand une province se soulevait, Comme on a prétendu que le lit du Tibre était pavé en airain par les tributs apportés aux empereurs romains. Il faut donc chercher une autre explication.

La seule considération qui aide à comprendre la prodigieuse accumulation des singuliers matériaux du Monte-Testaccio, c’est que les vases de terre servaient chez les anciens à une foule d’usages, qu’on y mettait le blé et divers liquides, non-seulement l’huile, mais encore le vin. En effet, ce que les Romains appelaient dolium, mot que nous traduisons par tonneau, était un grand vaisseau de terre. Un bas-relief de la villa Albani représente Alexandre et Diogène dans son tonneau. Le tonneau de Diogène est un vase de cette nature. On comprend que, les vases de terre ayant des emplois si divers, le nombre en devait être fort considérable. M. Canina a fait remarquer que près du Monte-Testaccio étaient divers dépôts de grains, horrea ; mais cela encore ne rend pas compte de l’entassement de tant de vases, tous cassés sur un seul point, et surtout l’amoncellement de ces débris jusqu’à une si grande hauteur. Qu’on suppose toutes les fabriques de vases établies en ce lieu, car ailleurs on n’a rien trouvé de semblable, ou bien une mesure de police, dont il n’est pas question dans les lois romaines, qui eût forcé les habitans de Rome à venir déposer au même endroit leurs vases bridés, mesure étrange, vu la grandeur de Rome ; qu’on suppose l’une de ces