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fort bien. Le seul défaut qu’on peut y trouver est d’obliger à une refonte non-seulement générale, mais immédiate. L’inconvénient n’est pas grave, car on aurait assez vite et à peu de frais refondu et remonnayé un ou deux milliards, et la circulation de la Fiance, ramenée à son état normal, ne comporte pas 2 milliards de monnaie d’or assurément, à côté de la monnaie d’argent et des billets de banque[1]

Un autre expédient plus simple, et qui changerait l’état des choses instantanément et sans frais, est celui qui consisterait à établir par une loi que désormais la pièce de 20 francs ne vaudra plus que 19 fr. ou 19 fr. 50 c ; plus tard, quand la baisse du métal serait plus prononcée, une loi nouvelle dirait 18 francs 50 c. ou 18 fr., et ainsi de suite. C’est ce qui a été fait en Russie, où l’édit de 1810, qui offre beaucoup d’analogie avec la loi française du 7 germinal an XI, avait ordonné la fabrication d’impériales et de demi-impériales en or de 10 et 5 roubles, le rouble étant une pièce d’argent servant d’unité monétaire. En conséquence, on a frappé beaucoup de pièces d’or de 5 roubles, portant en toutes lettres les mots de cinq roubles, comme nos napoléons portent ceux de vingt francs. L’édit du 1er (13) juillet 1839 qui est venu en complément de celui de 1810, trouvant le rapport des métaux un peu altéré et l’or enchéri en Russie comme dans le monde entier, statua que désormais les demi-impériales dites pièces de 5 roubles passeraient pour 5 roubles et 15 copeks, ce qui s’est pratiqué sans difficulté, malgré le nom de cinq roubles inscrit sur ces monnaies. On ne voit pas pourquoi il ne serait pas procédé de même en France et dans les pays où la législation monétaire est la même. Seulement, à l’inverse de ce qui s’était manifesté en 1839, l’or ayant baissé de valeur au lieu de hausser, ce ne serait pas une addition de valeur que recevraient les pièces d’or, c’est une déduction qu’elles auraient à supporter, et cette déduction elle-même deviendrait plus marquée plus tard, quand il y aurait lieu, ce qui se verrait par le cours comparé des deux métaux précieux.

Pareillement en Espagne, des édits ont itérativement changé les rapports entre le quadruple d’or et la piastre d’argent, conformément aux variations qu’avaient éprouvées les deux métaux dans leur valeur respective. Un de ces édits est du 17 juillet 1779. Il y a toutefois cette différence qu’en Espagne on n’avait jamais inscrit sur le quadruple qu’il était l’équivalent de tel ou tel nombre de piastres. Sous l’ancien régime en France, les pièces d’or, le louis

  1. Les frais seraient au plus de 6 francs par kilogramme d'or monnayé, faisant aujourd'hui 3,100 francs. Pour 325,000 kilogrammes d'or, qui feraient plus de 1,000,000 plus tard ce serait 1,950,000 francs.