Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puits. On suppose un centre d’exploitation desservi par un puits de 504 mètres et occupant simultanément 133 ouvriers : la remonte et la descente de ce personnel par les tonnes n’exigeraient pas moins de huit heures, soit le tiers de la journée complète ; avec une warocquère, dans les conditions les plus timidement réduites de vitesse de la machine et du nombre d’ouvriers qui lui seraient confiés ensemble, la seconde de ces opérations se ferait en cinq quarts d’heure ; la première ne demanderait qu’une demi-heure, et en cas de sinistre, où le temps est si précieux, qu’un quart d’heure.

Il ne me reste plus, pour compléter cette étude, qu’à rappeler le rôle tout particulier que l’exploitation des mines de houille a joué dans l’histoire de l’industrie humaine, et je ne parle pas ici du concours indispensable qu’est venu apporter à la machine à vapeur le combustible minéral. L’exploitation des houillères a déterminé la création de la machine à vapeur elle-même : c’est pour épuiser les eaux d’une mine de houille anglaise qu’a été conçu, à la fin du XVIIe siècle, le premier moteur à feu. C’est aussi à l’industrie houillère qu’est due l’introduction de la première machine à vapeur en France, importée en 1734 par la compagnie Desandrouin pour faciliter des recherches dans le terrain houiller du nord. L’exploitation des houillères anglaises a également engendré les chemins de fer, en nécessitant la construction de ces petits chemins à ornières destinés à faciliter le transport des produits de l’extraction. Elle a enfin provoqué la création de la machine locomotive, appliquée uniquement d’abord aux wagons chargés de charbon. En France et en Belgique comme en Angleterre, les premiers chemins de fer ont été faits pour desservir des mines de houille. C’est donc l’industrie houillère qui a été la source de tous les grands progrès de cette précieuse force motrice dont nous jouissons maintenant sous tant de formes.


E. LAME FLEURY.