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certainement résolue aussi bien qu’on peut le désirer ; mais il n’en est plus de même de la question de sûreté. De nombreux accidens, le plus souvent mortels, sont déterminés par l’usage des tonnes. Les câbles se rompent, les machines se brisent ou se dérangent, des corps tombent dans les puits, les deux tonnes de sens contraire se heurtent au croisement dans les puits qui ne sont pas divisés en compartimens ; les tonnes peuvent être enlevées au-dessus des poulies sur lesquelles passent les câbles, ou être descendues dans le puisard qui se trouve au bas du puits. Si même ces diverses causes d’accidens pouvaient disparaître, l’usage des tonnes soulèverait encore une objection grave, car un tel mode d’ascension devient insuffisant en cas d’explosion du grisou ou d’irruption d’eau, en raison du nombre limité d’ouvriers qui peuvent être enlevés à la fois. En outre, pendant que la tonne est dans le puits, le mineur est soumis à l’impression d’un air froid et humide contre lequel il n’est pas défendu, comme sur les échelles, par l’exercice du corps. Finalement, bien que la dépense ne soit peut-être plus représentée ici que par une somme de 0 fr. 10 cent, par jour et par ouvrier pour la fraction afférente des frais d’achat et d’entretien de la machine d’extraction, etc., ce système est interdit dans plusieurs pays. En France, le règlement de 1813 est muet sur ce point ; mais l’interdiction a été spontanément faite par la compagnie d’Anzin, qui donne un supplément quotidien de salaire de 1 franc 25 centimes à chaque ouvrier travaillant à une profondeur supérieure à 400 mètres. En Belgique, la proscription est toujours venue échouer contre les préjugés économiques des exploitans et les habitudes routinières des ouvriers. M. Lambert, qui s’est tout particulièrement occupé de cette question intéressante, a proposé, il y a une dizaine d’années, Une échelle hélicoïdale en fer faisant précisément, au point où l’ouvrier pose le pied, un angle de 70 degrés avec l’horizon. L’expérimentation de cette échelle, à laquelle il ne manque qu’une rampe pour la transformer en escalier, a donné les résultats qu’avait annoncés la théorie, et n’a point produit les effets de vertige qui pouvaient être à craindre ; mais cet ingénieux système n’a point été adopté par l’industrie, par suite de la nécessité qu’il entraîne du creusement d’un puits spécial. Cette objection est également faite à une invention encore plus complète et plus satisfaisante dont on a pu voir un modèle à l’exposition universelle ; je veux parler de la warocquère.

Le principe élémentaire des fahrkunst[1] peut être facilement

  1. C’est ainsi que se nomment en Allemagne, où ils ont été primitivement inventés, les appareils destinés à monter et à descendre les ouvriers dans les mines.