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est une espèce de réservoir auquel on puise pour attribuer à chaque région la quantité dont elle a besoin, en la dirigeant convenablement au moyen de portes, dont les unes, se fermant hermétiquement, sont destinées à isoler les parties où le courant ne doit pas passer, et dont les autres, ne fermant qu’incomplètement et percées même d’ouvertures en rapport avec les exigences des travaux, règlent l’affluence de l’air. C’est par un système ainsi combiné de portes que L’on parvient à introduire de l’air pur jusqu’au front des chantiers d’exploitation, sans qu’il arrive avec une vitesse capable de gêner les ouvriers.

L’emploi des foyers d’aérage, très répandu dans les houillères, simple et peu dispendieux, permettant d’ailleurs, quand la température n’est pas trop élevée, l’usage des puits de sortie de l’air pour l’extraction, peut même s’étendre aux mines à grisou. Seulement il est alors absolument indispensable de placer le foyer dans une chambre spéciale. Ce foyer doit être alimenté avec de l’air qui n’ait pas circulé dans les travaux, et la petite galerie qui relie cette chambre avec le puits de sortie de l’air doit être assez longue pour que jamais une étincelle ne puisse atteindre le mélange explosif qui est soutiré par le courant ascendant. Autrefois le procédé employé pour se débarrasser du grisou était élémentaire, mais fort dangereux, et finalement insuffisant au point de vue de l’aérage. Chaque matin, un ouvrier, la figure bien enveloppée, allait y mettre le feu ; maintenant on se borne à le délayer dans de l’air pur en suffisante quantité, et à remplacer, dans les mines où ce gaz existe, les chandelles ou les lampes à feu nu, qui constituent le moyen d’éclairage ordinaire, par la lampe de sûreté, qui a immortalisé le nom du chimiste anglais. Davy.

Ici encore je rencontre un écrivain qui a voulu dramatiser un épisode de l’histoire de l’industrie houillère ; mais je suis obligé de le combattre, car il a émis une hypothèse erronée au sujet du principe sur lequel est fondée la lampe bienfaisante. Dans une pièce représentée, il y a peu d’années, sous le titre de la Lampe de Davy[1], on suppose que la fiancée du grand chimiste, ayant, malgré ses recommandations, ouvert un récipient plein d’un mélange explosible à côté d’une lampe allumée, jette instinctivement, en le voyant

  1. Cette comédie en un acte et en vers, de M. Ostrowski, a été représentée en 1854 au second Théâtre-Français. — J’ajouterai à ce propos que, si l’industrie houillère a ses poètes, elle a aussi son peintre. On a pu remarquer à l’exposition dernière de grandes études à l’aquarelle des mines de Saône-et-Loire, faites par M. Bonhomme, qui, à l’exposition universelle, avait représenté des intérieurs de forges de la Meuse et du Berri. En Angleterre, les grands industriels se plaisent à faire ainsi exécuter le panorama de leurs magnifiques établissemens.