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ventilation, bien essentielle pour préserver les mineurs de l’anémie, cette terrible affection qui leur est particulière, et ne comporte guère de remède. L’aérage des mines n’est pas toujours ainsi obtenu artificiellement ; il est souvent naturel, le renouvellement de l’air résultant simplement de la différence qui existe entre la température, variable avec les saisons, de l’air atmosphérique et la température invariable des parois des excavations souterraines. Cette différence suffit même à déterminer un courant d’air persistant, alors que les deux orifices qui doivent faire communiquer au jour l’ensemble des travaux sont au même niveau, pourvu que quelque circonstance locale, assez fréquente, vienne rompre l’équilibre instable dans lequel se trouve la colonne d’air à mettre en mouvement. Lorsque les orifices sont à des niveaux différens, le sens du courant varie avec les saisons : en hiver, il entre par l’orifice inférieur et sort par le supérieur ; en été, il suit la route inverse.

Dans le cas d’un orifice unique, comme dans une excavation en creusement, cet aérage naturel est rare. En hiver, pour un puits, il s’établit bien, mais il fait défaut en été. Aussi partage-t-on d’ordinaire ce puits par une cloison hermétique en deux compartimens, dont l’un est surmonté d’une cheminée de plusieurs mètres. Quand il s’agit d’une galerie horizontale de quelque hauteur, la différence de niveau des parties supérieure et inférieure peut établir un courant, mais il sera plus sûr de mettre une cloison soit verticale, soit horizontale, avec une cheminée. Il arrive parfois qu’au lieu de cette division de l’excavation, on se contente d’y placer un simple tube rectangulaire en bois, qui va jusqu’au fond et se prolonge verticalement au dehors de quelques mètres.

Lorsqu’une exploitation est en communication avec l’atmosphère par deux orifices au moins, et que la ventilation spontanée est insuffisante, l’aérage peut être activé, si l’on surmonte le plus élevé des orifices d’une haute cheminée en maçonnerie. Dès que l’exploitation a un certain développement, il faut avoir recours à un foyer placé au bas du puits de sortie de l’air[1] ou à des machines aspirantes ou soufflantes. On conçoit que la masse d’air pur introduite, par un moyen quelconque, dans l’ensemble compliqué d’excavations dont se compose une mine, doit être aménagée de telle sorte que le renouvellement ait lieu dans tous les endroits où sont les ouvriers. Cette masse d’air, variable avec l’état de l’atmosphère souterraine,

  1. Cette idée de l’emploi du feu pour appeler un courant d’air, qui, dit-on, était regardée comme neuve en Angleterre au commencement de notre siècle, avait été appliquée dans le département du Nord par Desandrouin, lorsqu’osant s’écarter à 800 mètres du puits, le hardi explorateur avait été obligé de se préoccuper de la ventilation de ses travaux souterrains.