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en infime minorité. On atteint de préférence aujourd’hui les couches à une très grande profondeur par des puits et par des galeries qui ne débouchent qu’exceptionnellement au jour ; quand le gîte houiller est situé dans une montagne.

Le creusement de ces puits est à coup sûr l’un des exemples les plus remarquables des luttes hardies que l’homme engage avec la nature pour lui arracher les richesses qui constituent la propriété souterraine, luttes d’où il sort généralement victorieux. Tantôt, quand il rencontre une portion de terrain sans consistance, il y enfonce un large et long tube en fer, enlevant le terrain ainsi isolé de la masse, soit au fur et à mesure de l’avancement, soit lorsque le tube est arrivé à un terrain solide. Tantôt, et c’est par ce procédé que notre compatriote Brunel à creusé l’un des puits qui donnent accès au tunnel de la Tamise, il descend une tour de maçonnerie qui s’enfonce par son propre poids : dans le cas que je cite la tour gigantesque, d’une hauteur de 10 mètres environ, emportait la machine à vapeur qui devait servir à vider l’espace cylindrique ainsi déterminé ; tantôt enfin, et je dois m’arrêter quelques instans sur ce procédé original, dû à l’un des hommes qui entendent le mieux la rechercher du combustible minéral, on ne songe pas à épuiser les eaux, on les refoule d’une manière permanente au moyen de l’air comprimé.

Dans le creusement d’un puits au milieu de sables mouvans et acquifères sur une des rives de la Loire, il s’agissait, — alors qu’un tube d’une vingtaine de mettes avait déjà été enfoncé jusqu’au terrain solide, — de contenir les eaux pour relier hermétiquement le tube à ce terrain. M. Triger, dont la méthode hardie a été plus tard appliquée avec le même succès au foncement des puits dans le terrain houiller du nord, eut l’idée en 1839 de surmonter le tube d’un appareil qu’il appelle sas-à-air, et qui est une modification fort ingénieuse de la cloche à plongeur. Qu’on se figure un vaste cylindre en fonte, muni d’une soupape de sûreté, destinée à empêcher une élévation trop grande dans la pression de l’atmosphère artificielle dont il va être rempli, et de deux portes s’ouvrant en gens inverse, c’est-à-dire vers l’intérieur, pour permettre l’entrée et la sortie des hommes et des matériaux, et placées l’une à la base supérieure du cylindre, l’autre à la base inférieure, — celle qui est au-dessus du tube garnissant le puits. Cette immense boîte est pourvue de deux robinets, situés comme les deux portes dont je viens de parler, et la mettant en communication l’un avec l’atmosphère extérieure, l’autre avec le tube. Durant la période de travail, le premier de ces robinets est fermé, le second est ouvert ; une machine à comprimé de l’air sous une pression de trois atmosphères (deux effectives)