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choisi d’après des considérations de voisinage et les caractères scientifiques du terrain. Cependant, grâce à l’intelligente impulsion donnée aux explorations par les études consciencieuses de M. du Souich, ingénieur des mines, la pratique des recherches dans le département du Nord s’est beaucoup régularisée. Finalement le bassin houiller comprend environ une trentaine de concessions successivement instituées, dont l’ensemble produit 20 millions de quintaux de houille, extraits pour les deux tiers, on le remarquera, par la compagnie d’Anzin[1]. Il est bien constaté maintenant que le précieux dépôt s’infléchit en France de manière à laisser en dehors la ville d’Arras, non loin de laquelle il vient passer. Les recherches continuent du reste à être la grande préoccupation des industriels des départemens du Nord et du Pas-de-Calais, et offrent des chances réelles de réussite.


IV. – MODE D’EXPLOITATION.

La tâche de l’exploitant ne commence que lorsque celle de l’explorateur est terminée ; mais il importe d’observer que les deux rôles continuent cependant à être, juxtaposes pour tout concessionnaire qui veut connaître sérieusement la propriété dont il a été investi et concevoir l’édifice souterrain qu’il va y construire, de telle sorte qu’il puisse extraire le plus sûrement et le plus économiquement la plus grande partie de la houille. Les travaux préparatoires constituent une partie essentielle de l’exploitation : ce n’est que par eux que l’exploitant, disposant alors de travaux à divers états d’avancement, peut espérer d’obtenir une extraction régulière et se voir à l’abri des éventualités fâcheuses.

Contrairement aux règles d’un aménagement rationnel de la propriété souterraine, les mines de houille ont primitivement été ouvertes sur les affleuremens mêmes des couches, soit à ciel ouvert, soit par de petits travaux souterrains qui n’avaient pour engins d’extraction qu’un modeste treuil, tout au plus un petit manège ; on se servait de sacs pour tirer le charbon, et de seaux pour épuiser les eaux souterraines. C’est notamment ainsi qu’a été exploité, le bassin houiller de la Loire durant les deux premiers tiers du XVIIIe siècle. Il existe encore maintenant en France quelques mines à ciel ouvert, dans l’Allier et l’Aveyron par exemple, mais elles sont

  1. La progression de l’extraction houillère de notre second bassin se déduit des chiffres suivans : en 1810 2,318,382 quintaux métriques, — en 1820 3,230,125 q. m., — en 1830 4,944,776 q. m., — en 1840 7,762,968 q. m. — en 1850, 10,016,774 q. m., — et en 1852 10,728,458 q. m., soit près du cinquième de la production française. Depuis cette époque, la production du bassin du nord a doublé.