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industriel semble héréditaire dans la famille Desandrouin, car ce fut le fils qui, après la dévastation autrichienne, releva l’établissement créé par le père. Il en est de même de cette famille des Mathieu, que je viens de nommer à côté de Desandrouin, et dont les membres trouvaient, en 1834, la houille sur un autre point du Hainaut et fondaient la compagnie de Douchy.

Il s’écoula en effet un laps de temps bien long avant que le prolongement en France du bassin houiller de la Belgique fût reconnu jusqu’à Douai, pour être plus tard également constaté vers Arras et après quelques tâtonnemens dans la direction de Boulogne. Ce ne fut guère qu’en 1830 que le mouvement des recherches reprit avec une intensité qui n’a plus cessé, et qui a été signalée par les plus grands écarts. À peu près à cette époque, quatre nouvelles concessions houillères, dont deux en faveur de la compagnie d’Anzin, furent instituées. On vit à cette occasion se produire un fait qu’il n’est pas sans intérêt de rappeler à ceux qui seraient tentés de croire que nous valons moins que la génération précédente, et que la fièvre de l’agiotage est particulière à l’industrie des chemins de fer : une action qui valait un peu plus de 2,000 francs se cotait 300,000 fr. avant même que le charbon eût été rencontré. D’autres faits du même ordre se rattachent à l’histoire de l’industrie houillère, notamment à l’époque de la crise financière de 1838. Un membre de la commission de l’association houillère du bassin de la Loire citait au conseil général des manufactures, dans la séance du 13 juin 1846, une concession achetée 20,000 fr. et mise en société comme apport de 800,000 fr. avec un fonds de roulement de 300,000 fr., le tout mobilisé en actions. L’industrie, nécessairement aléatoire, des mines était naturellement prédestinée à servir de théâtre aux exploits des manieurs d’argent.

En 1837, dans le département du Nord, soixante-dix demandes de concessions houillères étaient à la fois inscrites à la préfecture ; les sociétés de recherches semblaient sortir de terre, dit un témoin oculaire de l’engouement effréné avec lequel on se livrait dans cette région à la poursuite du combustible minéral. Pendant longtemps, les sondages, qui, dans la période moderne, se substituent aux puits, tombèrent en dehors des limites du terrain houiller que les explorateurs s’acharnaient à poursuivre dans une direction que lui attribuait son allure générale en Belgique. Je ne parle pas de ceux, malheureusement en majorité et ayant absorbé la somme la plus considérable de capitaux, qui ont été entrepris dans l’ignorance absolue des principes les plus élémentaires de la géologie pratique, et qui ne pouvaient aboutir qu’à des résultats entièrement négatifs ; je parle de ceux dont l’emplacement était rationnellement