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dont il avait été chargé, le découragement était tout simplement irréfléchi ; le défaut relatif de succès ne tenait absolument qu’à l’imperfection des moyens d’exploration employés et à l’emplacement si malencontreux du puits. Néanmoins la société primitive ne put se reconstituer, et dut vendre sa concession à de nouveaux propriétaires, qui, dans deux sondages entrepris de 1841 à 1845, ne furent pas plus heureux que leurs devanciers.

Si je m’étends à dessein sur ces recherches, ce n’est pas seulement en raison de l’intérêt qu’elles empruntent aux circonstances actuelles de la création d’un centre de richesse minérale destiné à accroître la prospérité industrielle de deux de nos plus belles provinces ; c’est aussi pour donner une idée des alternatives de bonheur et de malheur qui marquent trop souvent les commencemens d’une exploitation minérale. Avec la dernière des dates que je viens de rappeler s’était terminée la phase des revers dans la partie française, du bassin de la Sarre. Une nouvelle société, composée de riches industriels du pays, s’adjoignit à la fin de 1846 l’ingénieur saxon M. Kind ; pourvue alors des moyens les plus perfectionnés, elle entreprit avec rapidité de nouvelles recherches, presque immédiatement couronnées de succès, et qui n’ont eu qu’un court moment d’arrêt, occasionné par la crise industrielle de 1848. Maintenant plus de trente sondages, entrepris par des compagnies créées dans la Lorraine ou à Paris, sont faits de tous côtés avec cette activité fiévreuse qu’engendre le succès ; deux concessions ont déjà été instituées, des demandes en concession s’instruisent ; le terrain houiller, reconnu sur une assez grande étendue, paraît contenir plusieurs couches d’un combustible de bonne qualité, d’allures suffisamment régulières, et d’une puissance totale atteignant parfois une dizaine de mètres.

Un exemple plus curieux encore des dépenses énormes qu’occasionnent trop fréquemment les travaux de recherche nous sera fourni par le bassin du nord. Comme dans l’est, le terrain houiller s’y enfonce, sous des formations postérieures, à une profondeur qui croît à mesure qu’on s’éloigne de la partie représentée hors de France à la superficie, et sans que rien fasse présumer ce qui est relatif, au prolongement souterrain. La complication, qu’introduit dans les recherches cet état naturel des choses explique comment la constatation de la richesse houillère du Hainaut a été réellement précédée du creusement de trente-quatre puits, auquel dix-neuf années et 1,400,000 livres avaient été employés. Ce fut essentiellement un Belge, Jacques Desandrouin, exploitant intelligent et habile de houillères dans la province de Charleroi, qui, en 1720, puis en 1734, grâce à son génie persévérant, dota la France du second, par ordre d’importance, de ses bassins houillers, et jeta les premiers fondemens