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ont si bien perfectionnée, sert maintenant à attaquer la roche, à extraire les produite de l’excavation et les boues qu’ils engendrent, à retirer du trou les fragmens des tiges ou des outils à la suite d’un accident qui en a déterminé la rupture, aussi bien que les corps étrangers dont la chute peut entraver le sondage[1], enfin à constater la nature et l’épaisseur des roches traversées aux diverses profondeurs, de manière à permettre de se figurer toute la succession des terrains ; elle sert même à vérifier la direction et l’inclinaison des couches. Je n’ai pas besoin de dire combien un sondage, d’autant plus difficile et plus cher que le trou est plus profond, est minutieux, combien les conditions varient avec la nature des terrains où il est pratiqué, combien le moindre accident fait perdre de temps et d’argent, au point d’obliger parfois à interrompre un forage pour en recommencer un autre. Il suffit de noter que, dans les recherches de houille, le diamètre du trou, variable avec la profondeur finale et le terrain où il est creusé, n’est plus au fond que de quelques centimètres. Ce n’est pas sans un sentiment réel d’admiration qu’on peut penser à un sondage récemment exécuté par M. Kind, pour la compagnie du Creuzot, afin de rechercher le terrain houiller, et dépassant la profondeur de 800 mètres.

Indépendamment des sondages et des puits, verticaux ou inclinés suivant la couche dont on connaît l’affleurement à la surface du sol, on se sert encore utilement, dans les explorations de houille, de simples tranchées à ciel ouvert, menées normalement à la direction présumée de cette couche et plus ou moins profondément. Trois exemples pris dans des régions différentes de la France, où des recherches ont été couronnées d’un plein succès, montreront l’intérêt qui doit s’attacher à ces sortes de travaux.

Le plus important des bassins houillers de la France est celui de la Loire[2], où une trentaine de couches d’un combustible minéral de qualités pures et variées offrent ensemble une cinquantaine de mètres d’épaisseur. Ce bassin repose sur un conglomérat de roches brisées qui occupe une assez grande superficie, et comprend quatre systèmes ou séries de couches dont la séparation est nettement accusée

  1. On arrache également ainsi un de ces tubes en tôle destinés à prévenir les éboulemens, s’ils viennent à céder sous la pression du terrain ou à être déchirés par les outils. C’est précisément à un accident de cette nature qu’est dû le fâcheux temps d’arrêt que subit tout à fait au dernier moment le forage du puits artésien du bois de Boulogne.
  2. Quelques chiffres peuvent donner une idée du rôle que joue ce bassin dans la production houillère de la France : il a donné, en 1814, 2,541,878 quintaux métriques, — en 1820 4,448,410 q. m., — en 1830 7,449.161 q. m., — en 1840 11,048,592 q. m., — en 1850, 15,581,247 q. m., — et en 1852, 16,391,834 q. m., soit près du tiers de la production française.